Sous la ceinture anglaise: The Inbetweeners 2, D.Beesley & I.Morris. 2014

Le passage au grand écran d’une des séries britanniques les plus drôles et les plus trash depuis bien longtemps fut couronné de succès: plus gros carton au box office anglais depuis des lustres ! Les 4 losers partent en Australie dans le 2e opus. On leur souhaite du bonheur. A nous aussi !

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Nos amis les hommes, 30/07/2014

Il y a parfois dans la vie de toute personne normale (j’entends par là celles qui ont encore en 2014 du travail, une famille et qui ne sont pas des réfugiés clandestins dans nos pays propres et modernes) des spirales infernales où les catastrophes s’enchaînent plus vite que les révélations sur les comptes de l’UMP ! Alors que Nico et Carla font du scooter sans casque, démontrant s’il en était besoin leur soif de liberté, leur amour immuable et leur respect du code de la route, un nouvel album de Keen’V sort pendant que des avions s’éparpillent simultanément dans les champs ukrainiens, thaïlandais ou maliens, sans arriver toute fois à faire autant de victimes qu’en Palestine où les pilotes israéliens maîtrisent plutôt bien leurs F-16. Entre la propagation du virus Ebola, celui du djihad aveugle de Boko Haram, et la reprise des festivités en Libye ou en Irak, on se débrouille même pour dénombrer 24 morts, piétinés dans un concert à Conakry ! Là franchement les gars, il va falloir y mettre un peu du vôtre et regarder où vous mettez les pieds, même quand il n’y a pas de mines ! Parce que si l’Ebola frappe au hasard des groupes sanguins et des religions, le reste de l’Afrique et du Proche-Orient s’en remet quotidiennement à des groupuscules intégristes sans plus de légitimité que celle de la secte Moon , si ce n’est une tenace envie millénaire d’éradiquer ces chiens de croisés catholiques qui batifolent gentiment dans l’hémisphère nord dans l’opulence technologique, la télé-réalité et la 4G.
Oui mais Dieu dans tout ça ? Au centre de toutes les décisions les plus pourries de l’histoire, le mec s’est depuis longtemps désolidarisé de sa pire création, se reposant sûrement en Islande en attendant impatiemment la prochaine éruption volcanique qui mettra fin à cette énorme mascarade qui n’a que trop duré. Loin du tumulte, tout près du paradis primal qu’était la Terre avant l’apparition du 4×4 et du voyage organisé, le barbu se repose, navré, cousant des chaussettes mérinos, tripotant des elfes dodues en écoutant Sigur Ros dans un désert de lave centenaire. Peu importe alors que le taux de consanguinité soit plus élevé dans cette contrée que dans le Pas de Calais, au moins les paysages sont beaux, les gens sympathiques et les moutons sauvages peu farouches. Même les chinois, qui s’emmerdent désormais à Paris, ont débarqué en masse pour y trouver quelque chose de nouveau à reproduire (le calme, la liberté ?). Comment ne pas rester admiratif et respectueux devant un pays si petit, qui se régale encore les yeux d’aurores boréales et le palais de testicules d’agneaux farcis, propose un musée gratuit du salage de la morue, qui appelle ses enfants Arnaldur, Hrafnkatla, Vikingur ou Baladur et donne régulièrement à la pop indé ses plus belles pépites tout en paralysant l’économie mondiale en 2010 d’un seul pet volcanique miraculeux ?
Une sensation unique, une impression d’ailleurs pure et vivifiante qu’on était à mille lieues de soupçonner alors que l’on attendait patiemment aux portiques d’un aéroport parisien : ce moment où le scanner détecte mon anneau pénien est toujours jouissif (bien qu’il ait plus la taille d’une bague que d’un bracelet de cheville), la tête des douaniers vaut le détour au moment où ils me laissent passer, dépités et un peu envieux d’une telle coquetterie…
A 10 heures du matin, de sombres jeunes mangent des paninis et en font des selfies , summum de la coolitude d’une génération égocentrée et sûre de son physique avenant, de sa musculature idoine avant d’aller cartonner des estoniennes dans les all inclusive crétois. Plus tard, le français étant partout à la maison, un couple ouvre dans l’avion un munster dont le port devrait être prohibé au même titre que les armes à feu ou les coupe-ongles ! Un fromage à la même odeur qu’un pénis adolescent qui n’aurait pas croisé de douche depuis 3 jours, un truc immonde qui donne envie de vomir bien avant le décollage ou de les dénoncer pour attaque terroriste. A moitié évanoui, je ne les photographie pas…

Il semblerait d’ailleurs qu’il faille tout voir, tout montrer, tout raconter, combler des vides et remplir le silence et les pages Facebook à coups de photos insignifiantes alors qu’on oublie même d’envoyer une carte postale à sa grand-mère qui se déshydrate à l’hospice. Des malins escaladent des glaciers exhibant leur iPad en guise d’appareil photo, les plus techniques sont en skate, à vélo, en deltaplane, dans ma sœur, à la piscine, aux toilettes, avec la go-pro vissée au crâne (un must pour les cunnilingus) ! Vivement l’arrivée des Google Glass, où les moindres faits et gestes de ses contemporains, les concerts et les films au cinéma pourront être enregistrés en continu et balancés sur les internets pour niquer un peu plus le système. L’homme cyborg aura aussi son petit drône, incontournable futur cadeau de Noel du petit dernier, qui pourra à loisir survoler les piscines où batifolent nues ses voisines de 8 ans, et de nouveaux membres en plastique dessinés sur imprimante 3D pour pallier au handicap de ne pas pouvoir piloter un drône ou porter un iPad sans mains ! Par contre il semblerait qu’aucune multinationale ne travaille sur un projet de développement des capacités intellectuelles. L’humanité avance à grand pas. Vers le vide. Big Brother est déjà là, attendant de filmer la scène pour la balancer sur You Tube, en mondovision : mais qui alors pour la regarder ? Ce poète islandais, toujours sage, ne disait-il pas :
« Sá sem ekki lifir í skáldskap lifir ekki af hér á jörðinni. »

Il serait sûrement grand temps d’y réfléchir sérieusement!

Nos amis les hommes. 20/07/2014

L’été est donc bien là. Les moustiques et Secret Story 8 reviennent envahir nos foyers, et de ces deux fléaux le pire n’est pas celui qu’on croit. A l’inverse des résidentes de la maison des secrets, qui sucent pour réussir, le moustique femelle le fait pour survivre, mais ne laisse par contre aucunes séquelles sur le cerveau.
A la plus grande joie des rédacteurs, les crashs d’avions, accidents de trains ou de bus ont pris la relève dans une information qui se désespérait de la fin du mondial.
Dans un généreux élan de haine collective, une partie du public français a donc commenté à sa manière la finale de ballon rond remportée par une brillante équipe d’Allemagne. De « nazis » pour les plus modérés, à « gros bâtards de fils de putes blondes » pour les plus lettrés, en passant par les atermoiements sur Séville (82), Guadalajara (86) ou Vichy (42), le supporter bougon ressasse inexorablement son douloureux passé. Pendant ce temps-là, la Germanie avance à grands pas, étalant aux yeux du monde sa suprématie footbalistique, sa rigueur et son organisation, comme une belle métaphore à une société qui aime regarder devant plutôt que de pleurer sur son histoire flétrie. Toute la différence entre une 308 et une Audi A3, François Hollande et Angela Merkel, une équipe qui a la foi et une qui n’a pas Lahm.
Je profitais d’ailleurs de ces instants de grâce avec mon fils de 14 ans, Ricardinho (« on l’appelle Petit Ricard au Pmu avec les copains parce qu’il est tout beige), un enfant brésilien que j’achetais jadis à vil prix à un vendeur sri lankais (en plus de 5 cd de Yannick Noah) dans l’espoir qu’il développe un jour la virtuosité de Romario et l’efficacité de Fred. En plus de quelques bracelets très à la mode dans son pays, je tissais avec lui quelques liens d’amitié qui semblèrent voler en éclats au 7e but de la Mannschaft. Le petit pleurait toutes les larmes de son corps maigrelet alors que mon pote Jojo versait un peu de bière dans ses cheveux crépus pour fêter la victoire de manière fraternelle. En plus d’être nul au foot et à l ‘école, mon fils n’avait donc aucun sens de l’humour, mais cette punition sportive tombait finalement à point, sanctionnant une piètre mention « bien » au BEPC.

Un sanction pas si disproportionnée, si l’on remet les choses dans le contexte d’une époque qui ne fait pas vraiment dans la demi-mesure ! Ainsi, peut-on blâmer cet homme d’avoir tiré une balle dans la tête de cet intrus qui urinait tranquillement sur sa pelouse alors que l’on tolère sans broncher que 70 000 soldats envahissent les plages de Gaza à l’heure de la baignade estivale ? Plus de 400 morts (enfants inclus) pour 3 ados tués, voilà une surenchère excessive (mais tolérable) qui pourrait donner lieu à une prochaine rencontre Pays-Bas-Ukraine de toute beauté ! Les bataves auront droit à un peu plus de 20 000 victimes si l’on s’en tient au ratio précédent, pour laver l’affront du missile perdu ! Par contre, bonne chance si l’on apprend que l’erreur vient des russes…Ce qui ne devrait raisonnablement pas arriver. Quant à la probabilité que ce soit encore un avion de Malaysian Airlines qui trinque, cela semblait aussi incongru que de trouver une personne intègre à l’UMP. Mieux vaut donc être intermittent du spectacle qu’assureur pour la compagnie par les temps qui courent !

D’ailleurs, et j’en ris encore, je giflais matinalement ce môme slave du bas de mon immeuble, dans l’hypothèse qu’il soit russe ou ukrainien justement, histoire de lui apprendre le respect et à ne pas m’appeler papa alors que je descends les poubelles en short. A 2 ans, ce gamin n’est pas très perspicace ! Même Ricoré (le surnom amical que je donne à mon fils parce qu’il est l’ami du petit des Jeunet, les voisins), ne put s’empêcher de lui tirer les cheveux. Toute cette violence exacerbée entre nos différentes peuplades sous –développées ne devrait cependant pas nous faire oublier les horreurs et les tracas quotidiens qui peuvent ruiner une journée pourtant ensoleillée. Ainsi, comment rester de marbre alors que votre machine Nespresso tombe en panne un dimanche ou que le réseau se coupe en pleine montée du Tourmalet ? Comment ne pas fulminer devant cette modernité aussi libératrice qu’handicapante, comment accepter décemment d’être un esclave consentant des multinationales, d’appeler désormais un thé vert menthe-citron une boisson au mojito, de « fumer » des cigarettes électroniques longues comme des clarinettes, de faire des selfies de sa gueule de raie pour se sentir vivant ou de payer son café 2,50 euros en terrasse alors qu’il est à 1 euro au comptoir ? Et qu’à un euro au comptoir on a déjà perdu la notion des réalités !!! Mais je m’emporte. Je vais aller prendre une douche glacée aloé véra-sperme d’orque blanc et siroter un Matahi, cette boisson africaine au baobab, c’est paraît-il très tendance en plus d’être fabuleux pour nos organismes usagés.

Nos amis les hommes. 9/07/2014

Décidemment, après Ayrton Senna, on est en droit de se demander ce qui pousse tout un collectif sportif à aller dans le mur de la sorte alors que tout semblait leur sourire depuis le début de leur mondial sur mesure: l’arbitrage, la chance, Jésus, la chaleur, et même une société en sourdine devant son écran et son bol de haricots noirs. « – C’est une tragédie ! » hurlaient quelques fans lucides pendant que l’aviation israélienne pilonnait la bande de Gaza de quelques missiles efficaces. Mais pas aussi dévastateurs que ceux de Muller, Schürrle ou Kroos, qui à l’instar du promeneur noctambule perdu dans le bois de Boulogne, aiment à perforer l’arrière-garde brésilienne imprudente. Qui se fissure donc au même moment que la vertèbre de Neymar, ce génie trop tôt porté au pinacle et dont les frêles épaules n’auront pas suffi à supporter la pression d’un pays socialement asphyxié ou à cacher la misère d’un collectif qui s’en remet à Fred pour marquer des buts ! Un Fred qui aura été, avec le recul nécessaire, moins ridicule avec sa moustache qu’avec ses jambes en bois. Mais qui aura donné, dans un coupe du monde capillairement très relevée, beaucoup de travail aux garçons coiffeurs de la planète bon goût, avant les vacances au Lavandou. Les milliards engloutis pour maintenir en vie cette grande colonie portugaise n’auront donc pas travesti longtemps la réalité, virant à la saudade plutôt qu’à la samba…Et il faudra sûrement plus qu’une petite intervention chirurgicale pour aider un pays tout entier à se reconstruire une virilité et un visage avant les Jeux Olympiques de 2016, où la valeureuse nation de Cristina Cordula pourra enfin briller au beach-volley féminin.
En comparaison, l’implosion de l’UMP paraîtrait presque anecdotique si elle n’occupait pas tout l’espace médiatique local, entre deux inondations et une noyade dans les Landes, le service minimum d’un été plus que décevant jusqu’alors. La mise en examen attendue de Nicolas Sarkozy aura eu au moins le mérite de réveiller pour de bon les gentilles rancœurs enfouies sous les oreillers immaculés de nos escrocs préférés, qui n’ont rien à se reprocher, ni les uns, ni les autres, préférant voir dans la justice de leur pays un ennemi notable et manipulé par une gauche qui a déjà du mal à faire du vélo sans roulettes. Espérons juste que les pauvres victimes innocentes qui donnèrent récemment au pot pour renflouer les caisses du parti, comme on donne au premier Témoin de Jéhovah venu, aient assez d’humour et de vaseline pour continuer leur croisade aux côtés de cette bande de joyeux lurons qui ferait presque passer le FN pour un club de tricot. Tout excité, le jeune Louis Sarkozy s’est lui aussi lancé dans la bagarre médiatique, rivalisant d’humour et d’à-propos pour défendre son papa gangster ou railler la défaite brésilienne sur Twitter d’un fort drôle « The Brazilian Genocide » ! L’adversaire étant l’Allemagne, il y a fort à parier que ce trait d’esprit aura bien fait marrer les Le Pen, si choqués du sort de l’ancien président bling-bling. Quant à Louis, 17 ans, s’il manie si bien l’anglais, il faudra par contre essayer d’être plus doué en français, au vu des fautes d’orthographe, s’il veut se lancer plus tard dans ce grand cirque politique plutôt que de produire des disques de rap comme son autre loser de frère ! La relève de Nadine Morano est en tous cas bien là et c’est plutôt rassurant.
En attendant les premiers incendies et autres typhons sur Fukushima, espérons juste que le chikungunya et le virus Ebola ne touchent que les festivals d’été où se produisent Zaz et Shaka Ponk, histoire de laisser du temps aux intermittents pour débrayer, et les propriétaires de résidences secondaires dans le Luberon tranquilles. Mes vaccins ne sont pas à jour et j’ai horreur des filles qui sentent la citronnelle pendant les partouzes. Et si ce n’est pas du sang impur qui abreuve leurs sillons, ce 14 juillet à venir tombe à point nommé pour nous rappeler la grandeur de ce pays, le souvenir et la beauté d’un conflit mondial bien maitrisé et la belle aventure de nos bleus au dernier mondial, malgré un énième revers contre des allemands revanchards. Des allemands que l’on aurait aimés supporter si les américains crâneurs ne les avaient pas déloger précipitamment de nos Alpes et de nos grands-mères, obligeant nos fils et nos compagnes à encourager alors des générations de Ginola, Cantona ou Benzema à la blondeur douteuse. On ne refait malheureusement pas l’histoire, et cette équipe, y compris Mathieu Valbuena, en ressortira grandie, quoi que l’on pense. Le président Hollande pourra alors verser sa larmichette en regardant défiler ces petits soldats, ces jolis chevaux, ces gros navions, (à quand une frégate sur les Champs-Elysées ?), ces quelques millions en uniformes que d’aucuns jugeraient plus utiles dans l’éducation ou la culture, et se rassurer en se disant que les marchands d’armes ont fait une grosse année 2013 et prévoient même des bénéfices records en 2014 ! Bleu, blanc, rouge : enfin un domaine compétitif ! On applaudit des deux mains, contrairement aux petits enfants mutilés de Syrie, Lybie, Irak, Kenya, Palestine, Ukraine, Somalie ou Centrafrique, ces nations absentes du Brésil et des journaux télévisés de TF1. Entre les résumés des buts, les jérémiades de Sarkozy et la météo des plages, le journaliste intègre doit faire des choix cruciaux. Le vacancier en tongs a autre chose à penser à l’heure de l’apéro.

Albert à l’Ouest. Seth Mc Farlane. 2014

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Seth Mc Farlane pouvait tout se permettre après le carton de TED, ce nounours mal élevé qui renvoyait les gosses américains à leurs livres d’images. En dézinguant le genre le plus représentatif du cinéma américain burné, le western, Mc Farlane avec sa bouille de gendre idéal piétine encore de ses bottes boueuses la légende de l’Ouest dans ses grandes largeurs. Non, il n’aime pas les armes à feu, ni la bagarre, ni la testostérone qui affleure dès que l’on aborde le genre, ni le traitement réservé aux Indiens par ses ancêtres, ni les conventions !!! Il en tire alors une farce parfois de mauvais goût, potache, crade et souvent limite, mais d’une drôlerie irrésistible. Si la romance avec ses belles (Charlize Theron et Amanda Seyfried) n’est guère passionnante, Mc Farlane jubile devant et derrière la caméra, trouvant souvent des gags insensés et des vannes imparables. On y croise les ombres de Mel Brooks(Le Shériff est en prison) ou des Monty Python (scène de rêve hallucinante, dans tous les sens du terme), mais aussi tout un tas de caméos pas piqués des vers (de Ryan Reynolds à Jamie Foxx), dont un vaut à lui seul le déplacement pour tous les geeks du cinéma 80’s (aucun spoiler ici, on n’est pas aux Inrocks). Moins irrévérencieux que TED, « Albert à l’Ouest » marque cependant le territoire d’un comique américain en marge, qui ose élargir le champ des possibles de la rigolade en saccageant les icônes d’un peuple si fier de son histoire. Et rien que pour cela on devrait l’encourager à continuer longtemps.

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