Nos amis les hommes. 31/01/2018

Ainsi donc la ‘’joggeuse’’ assassinée a retrouvé son nom. Après des mois de classification de l’affaire sous sa seule appartenance à la catégorie des sportives imprudentes et en surpoids,  Alexia Daval se voit à nouveau dotée d’une identité humaine après un revirement sordide autant qu’inopiné, à faire mouiller d’extase Carole Rousseau. Ce qui au départ ne semblait être qu’une énième mauvaise rencontre dans les bois avec un pervers normal venu cueillir des champignons avec un drap, s’est transformé à la grande joie des journaux en boucle en affaire de mœurs et de meurtre familial. Un débordement dans un lit conjugal : enfin une alternative croustillante aux inondations de la Meuse.

Mais voilà que le grand public, toujours pas remis de l’affaire Cantat, s’offusque non pas de l’acte en lui-même, après tout on commence à s’y habituer, mais bien plutôt que le mari éploré ait menti pendant tout ce temps !! Le monstre. Comment se peut-ce ? Pourquoi l’esprit humain est-il à ce point tordu ? Mentir, devant les caméras de BFM en plus, où le sensationnalisme est de mise depuis que la déontologie ne l’est plus ! Alors, ce nouvel épisode donnera sûrement un beau film policier avec Guillaume Canet ou François Cluzet d’ici deux ans, mais l’on va forcément se reposer cette question qui revient en boucle depuis l’invention du couple et du fait-divers : comment protéger les hommes fragiles quand leurs femmes portent la culotte ? Espérons donc que quelques années en prison puissent endurcir notre gaillard, et qu’il soit un peu moins émotif s’il sort un jour avec toute son intégrité physique, parce qu’Oscar Pistorius, ça lui a un peu coupé les jambes ces histoires…Mais bon il aura grandement le temps d’y réfléchir et pourra toujours échanger sur sa maladresse avec Gérald Darmanin et Tariq Ramadan…

Peut-on seulement réduire une personne, avec toutes ses complexités, ses qualités et ses tares, à sa simple fonction, qu’elle soit pompier, policier, joggeuse, mineur ou alpiniste ? Voilà un drôle de raccourci qui en dit long sur le peu de respect que les médias portent à certains anonymes décédés brutalement. Toute une vie à construire, à grandir, à se démarquer pour finir réduite à un collant en lycra et un survêtement Décathlon…Quelle violence ! Du même registre d’ailleurs, que celle de quelques intégristes qui pensent que l’affichage vestimentaire de leur religion et bien plus important que la sécurité de leurs enfants. Les clichés ont peut-être la vie dure, et doivent être combattus, mais il y a de fortes chances que quelqu’un qui sort en djellaba soit identifié comme musulman avant que d’être un citoyen lambda, qu’un gamin qui porte une kippa soit désigné comme juif avant que d’être un écolier normal ou qu’un individu en soutane soit suspecté d’être pédophile plutôt que curé de campagne…Il était dit quelque part, dans une société qui se veut laïque, que tout signe ostentatoire devait être banni de la sphère publique….afin de ne pas déranger notre président inutilement, ni agacer les intégristes de l’autre bord avec des faits divers qui pourraient être évités avec un simple jogging du PSG et une casquette Vuitton.

De contrebande. Parce que tout le monde n’a déjà pas les moyens de se payer du Nutella ou du caviar bio. Mais je rappellerais simplement à certains qui ne verraient ici que l’explosion d’une violence beauf dans le quotidien vulgaire des supermarchés de province, que certains soit disant mieux lotis sont prêts à escalader leur voisin ou à piétiner autrui pour accéder en premier aux soldes chez Colette, aux ristournes du Bon Marché ou aux collections capsules de chez H&M. Que des gens meurent le jour du Black Friday pour des congélateurs. Et que certains invités haut de gamme repartent des apéritifs branchés ou des diners en ville les poches pleines de nourriture…La vulgarité n’a pas de barrière sociale, et la violence marketing d’une mondialisation sauvage est la seule responsable de comportements rarement observés chez les autres animaux. Qui ont le bon goût de manger sain, et uniquement pour se nourrir.  On espère juste ne pas avoir tous ces gens pour voisins le jour où les russes et les aliens débarqueront pour étrangler nos fils et nos compagnes ou violer nos ‘’joggeuses ‘’ imprudentes, et qu’il n’y aura plus rien au Franprix du coin, plus d’eau potable et plus d’essence. Comme à Cuba finalement. Mais après des années de régimes à l’américaine, de sucres saturés et d’huile de palme, on espère avoir le temps de s’enfuir, pendant qu’ils  mangent d’abord leurs enfants gros et gras.

Shoppers reach for television sets as they compete to purchase retail items on Black Friday at a store in Sao Paulo

Polémique ta mère. 24/01/2018

A tous ceux qui rétorqueraient que l’hiver est rude, parce qu’il neige en montagne et qu’il pleut dans leur cœur, je ne me souviens même plus de ces journées piquantes de janvier où la gelée matinale envoyait valser le retraité malhabile sur le trottoir glissant d’une vieillesse piégeuse. Si les opérations du col du fémur ont donc sensiblement diminué grâce au réchauffement climatique, le nombre de connards passionnés par les péripéties météorologiques ne cesse d’augmenter, et quand il fait 18 degrés à Perpignan un 23 janvier, non, il n’y a aucune raison de se réjouir, même si ça donne de très beaux selfies sur Instagram.

Plus que tout autre peuple, le français n’avait vraiment pas besoin des réseaux sociaux pour étaler son courroux, ses états d’âmes changeants et ses recettes préférées à ses concitoyens remontés tout autant que lui sur à peu près n’importe quel sujet. Tex, la police, le lait en poudre, l’équipe de France de foot, Benzema, ma sœur, le viol, les ouragans, le loup des Pyrénées, Jawad, les impôts locaux, Macron, la recette des crêpes, Johnny, le prix des topinambours et plus récemment Laura Laune.

Nouvellement promue star de la gaudriole vacharde grâce à son incroyable talent (et son opportunisme soudain de chanter pour passer à la télé, mais là n’est pas le débat), l’humoriste belge jouissait pourtant déjà d’une jolie réputation scénique et d’un parcours plus qu’enthousiasmant. Mais le raz-de-marée médiatique étant passé lui aussi par-là, voici que la charmante blonde se retrouve emportée sur tous les plateaux de France, de Navarre et de Corse, où certains découvrent en prime-time, interloqués, son humour irrespectueux et iconoclaste. Ah ben dis-donc, en 2018, une fille si mignonne, dire des choses aussi osées sur le sexe, son père, le viol et les enfants, c’est vraiment cocasse ! On s’était tellement habitué aux blagues Ikea des barons du rire chez Drucker !

Oui, mais là on parle de juifs quand même ! Parce que voilà. La nouvelle charge est venue des gardiens du temple, des aboyeurs assermentés, des pisse-froids qui crient à l’antisémitisme dès que le mot « juif » apparait dans une conversation publique. Depuis la jurisprudence Dieudonné, tu comprends, tout le monde est suspect. Comme les musulmans pour le terrorisme. Alors petit 1, il faudrait d’abord blâmer les abrutis (rédac chefs et présentateur compris) qui laissent passer cet extrait-là (une blague sur les juifs comme on en entend des milliers depuis l’invention de la blague, mais sortie du contexte d’un spectacle d’une heure et des brouettes) dans un journal populaire et peu préparé à ce genre de gaudriole au moment de servir la soupe familiale. Si ce n’est pas calculé, c’est pervers et dangereux (pour la carrière de son auteur) dans une société tendue comme un string et sans aucun second degré sur n’importe quel sujet religieux. Et petit 2, il faudrait juste rappeler que les gens qui vont voir des spectacles sont vaccinés, majeurs et responsables de leurs actes et que ce qui se dit sur une scène est plus que sacré. Il n’y a qu’à voir la violence des one (wo)man show US par rapport à la tiédeur de leurs émissions télé pour comprendre que ces sanctuaires de l’humour et de la liberté d’expression doivent être protégés corps et armes. Alors que les spectateurs télé sont désespérément passifs…Les blagues juives existent depuis des décennies et font partie du patrimoine culturel (avec celles sur les belges, les noirs, les arabes, les nains et les pédés…). Toutes ces «minorités » qui en ont pris plein la gueule avant l’arrivée des roumains, des roux et des migrants. Ils rigoleront bien les blancs dans 30 ans tiens, quand eux-mêmes seront une minorité et que les africains se foutront enfin ouvertement d’eux en prime-time. Mais il n’y aura plus d’émissions télé…

Laura Laune se moque de tout le monde et comme 90% des humoristes consciencieux, d’abord des religions, qui rendent certains si cons et si violents. Il y a sûrement plus d’antisémites dans les partis politiques que sur les scènes de Comedy Club. Et sûrement plus de violence dans les propos d’Eric Zemmour ou de Laurent Wauquiez, plus d’indécence dans l’attitude faussement cool de Jeremstar ou de Morandini que chez n’importe quel humoriste de ce pays, simple observateur et tireur d’alarme sur une société qui part gravement en couille à force de se replier sur ses acquis et ses communautés. Sur scène, l’ennemi commun est bien souvent le FN, les nazis y sont souvent raillés largement, mais qui s’en offusque ? Les fachos ne vont pas au spectacle. Alors, chaque mort, chaque conflit, chaque attaque (blague funky pour la communauté black) depuis que la guerre existe doit être dénoncée de la même manière, avec la même virulence. Il n’y a pas de classement dans l’horreur ou la douleur, comme voudraient pourtant nous le faire croire BFM et autres remueurs de merde, dès qu’un avion s’écrase avec des français à bord ou qu’une bombe explose loin de nos pelouses. Mais, entre nous, on a quand même l’impression que les lobbies juifs voudraient nous persuader du contraire depuis 70 ans. Et qu’à force de les écouter, il est peut-être de bon ton de vouloir les taquiner et jouer encore sur les clichés ; parce que parler de la Shoah, même avec dérision, c’est toujours en parler et garder à l’esprit que des petits moustachus en puissance grouillent aux quatre coins du monde. Des fois sur un malentendu, ça peut fonctionner à nouveau, comme en 33, cette année gironde où certains ont donné les clefs délibérément à leur futur bourreau en pensant s’offrir une vie meilleure. ….Et c’est vrai aussi qu’on entend moins les Indiens d’Amérique, les rwandais, les congolais ou les Rohingyas sur leurs problèmes de génocides, assez peu mis en avant dans les journaux de Delahousse ou les films hollywoodiens.

L’horreur est derrière nous. Ce qui est fait est fait et personne ne changera ça. Mais les humoristes et les pacifistes font juste en sorte que ça ne se reproduise plus, sans aucune velléité de déclencher de nouveaux conflits meurtriers. Contrairement à certaines personnes élues par le peuple. Le diable est certes une gentille petite fille, mais surtout un gros con dénué d’humour. Rire de tout. Tout le temps. Alors ne vous trompez pas de cible, Messieurs, Dames les journalistes qui relayez ce genre de fait-divers ou d’incidents déplorables juste pour le buzz. Vous ne faites qu’accentuer la régression de la presse et de la liberté d’expression en participant à ce retour au puritanisme ambiant, à ce révisionnisme de la culture passée, qui touche même certains des plus jeunes d’entre vous… Et si cette incitation au plaisir anal n’était pas prohibée également en 2018, on vous inviterait volontiers à aller vous faire enculer.

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Problemos. 18/01/2018

Si le monde libre respire mieux après les résultats de la coloscopie de Donald Trump, on ne sait toujours pas quels outils oblongs ont été nécessaires pour explorer un aussi gros trou du cul ! Il y a des mystères qu’il est bon d’ignorer. Avec son QI avéré d’orang-outan, le président américain est donc apte pour une nouvelle année où plus personne ne s’offusquera de son incompétence, de sa vulgarité, de ses saillies racistes et misogynes en plus de son immaturité qui font passer Macron pour un philosophe grec. L’instabilité planétaire a plus que jamais un nom et un visage, tout aussi repoussant.

Heureusement qu’en France la passionnante histoire de l’aéroport Notre Dame des Landes est venue animer un peu le cœur de l’hiver, cet insoutenable suspense venant réveiller des médias anesthésiés par la mort de France Gall, la créatrice de Blablacar, merveilleuse chanson sur le covoiturage africain, suivie de celle de Dolorès O’Riordan autre chanteuse habituée à bêler dans les hautes sphères de la chanson populaire. Le côté facho en plus.

A la nuisance visuelle et sonore des avions, il faudra donc supporter celle des zadistes, occupant illégalement un terrain de l’état avec leurs djembés et leurs utopies rigolotes. Problemos. Si la société avait tant besoin de rêveurs et de poètes, on vivrait encore dans les effluves de Woodstock, le patchouli, les filles nues (et consentantes), les vestes en mouton et les sabots crottés au lieu de profiter des soldes. Le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous les gens riches disaient alors les slogans. Mais quelque chose à sûrement déraillé sur le chemin de la béatitude.

En Californie, des enfants plein de merde vivent encore enchainés à leur lit. En 2018. Certains d’entre eux n’ont même jamais entendu parler d’Harvey Weinstein, c’est dire ! Personne n’a osé indiquer le distributeur de préservatifs le plus proche aux parents ou les avertir que 13, ça porte malheur ? Un beau scénario à venir pour Hollywood, juste à côté, où James Franco, Aziz Ansari et Kevin Spacey (entre autres) attendront un peu que leurs anciennes conquêtes rancunières se calment un peu. Ils ne jouissent malheureusement pas du même statut que Woody Allen, qui excite tant le public et les critiques françaises malgré ses ratés (et je ne parle pas de ses 10 derniers films !). Chez nous me direz-vous, Morandini présente toujours une émission de télé, où il dénonce, notamment, le harcèlement. Et voilà que Jéremstar, qui n’a de star que son pseudo débile (le mec s’appelle Gisclon, ce qui est tout de même cocasse pour une histoire de sex-tape), vient de se voir clouer au pilori lui aussi !! Comment va-t-on survivre à ce énième scandale dans le petit monde de la télé-réalité ? Peut-être en se disant que certains sont devenus président des Etats-Unis, et qu’ils peuvent aujourd’hui étaler leur vacuité et leurs analyses d’urine au grand jour. Une forme de consécration trop stylée. Une belle revanche sur la vie, t’as vu ?

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Edulcorons.

« Depuis 3 ans et le drame de Charlie Hebdo qui ouvrit les yeux du grand public sur l’existence du journal satirique et sur le manque cruel de second degré chez les intégristes, la question de l’humour possible ou impossible, racontable ou interdit fait florès dans les conversations, surtout chez ceux qui n’en ont pas. Car il n’y a pas à juger si une chose est drôle ou pas mais juste à savoir si cela nous fait rire. Ou pas. Point. Sans intellectualiser la chose.
A la question peut-on rire de tout, je répondrai donc non (dans la sphère publique en tous cas) mais à la question doit-on rire de tout, je répondrai donc oui. Parce qu’il est salvateur d’avoir un peu de recul et de second degré sur les choses cruelles de la vie, sans quoi celle-ci devient vite un enfer pour qui prend les choses trop à cœur. N’oublions jamais que l’on est là pour 70/80 ans au mieux, pour les plus valeureux et résistants aux microbes, et que tout ça ne mérite pas autant de sérieux.
Facile à dire, certes, mais en fonction de notre éducation, de notre culture, de notre environnement, du poids de la religion dans notre quotidien ou de notre intelligence, chacun n’a pas forcément le même avis sur la question et la même tolérance à l’humour vache. Pierre Desproges disait que quelqu’un qui tombe dans la rue n’est pas drôle en soi, ce qui est drôle c’est s’il ne se relève pas, qu’il ne suffit pas d’être heureux, encore faut-il que les autres soient malheureux…Derrière l’outrance possible de ces saillies, d’aucuns s’offusqueront, d’autres ricaneront de bonne foi. Faut-il interdire pour autant ces réflexions quasi philosophiques au prétexte qu’elles en dérangent certains ?

En 2018, sur tous ces sujets sensibles, sur les différences et sur les minorités, la société régresse intellectuellement aussi vite qu’elle avance technologiquement. La sphère publique, depuis qu’Internet a libéré la parole de chacun, est devenue irrespirable autant que nauséabonde. Le consensus mou et la bien-pensance gluante ont remplacé les débats et la réflexion dans les médias populaires. On juge, on attaque, on accuse, on insulte, on polémique, on vilipende, on s’insurge, on clique son courroux au moindre fait divers, à la moindre phrase, à la première image qui ne rentre pas en ligne de compte avec notre propre système de pensée, avec nos propres codes de l’humour. Sans fond, sans arguments, sans finesse.
La censure, sous couvert de protéger les plus faibles, devient une arme que l’on veut brandir dans tous les domaines politiques et culturels. On s’insurge d’un clip de rap violent, de filles nues au cinéma, mais nullement que Google, You Porn et consorts soient à un clic de ses enfants mineurs. On vilipende des acteurs pour des « accusations » de viol, mais l’on a toujours du mal à admettre le poids de la pédophilie dans l’église catholique. On s’en prend aux artistes contemporains pour des créations ‘’phalliques’’ ou ‘’vulvienne’’, mais l’on accepte avec consentement la vulgarité crasse de la télé-réalité et la beauferie sournoise d’Hanouna sous couvert de divertissement familial.
Un immense bond en arrière où tout est désormais remis en cause, et surtout notre intelligence. Chacun est pourtant libre et capable, d’apprécier ou de détester une oeuvre ou un artiste. Personne n’a un flingue sur la tempe pour rester plus de 10 mn devant Nrj12 ou aller voir une pièce de théâtre avant-gardiste de 4h30. Si Belattar ou Proust ne vous font pas rire, ne regardez pas leurs sketches ! Si vous êtes plus Grégoire que Biolay, tant pis pour vous ! Les gens ont dix doigts, et une télécommande. Mais l’on préfère s’acharner sur les choses que l’on déteste en déversant des torrents de boue plutôt que de partager ce que l’on aime, même si c’est des photos de bouffe ou de chatons !

Avec l’affaire Weinstein est arrivé un nouveau problème de masse : la remise en question de milliers d’œuvres jugées outrageantes pour les femmes, en plus de la suspicion sur la gent masculine, et la délation décomplexée, au prétexte rigolo que toute cette domination masculine a assez durée. Certes. Mais peut-on avancer d’un côté en protégeant les femmes, en incitant de l’autre des comportements hystériques et dangereux ? Que l’homme soit un gros beauf, on le sait depuis des siècles. Qu’il abuse de sa force, de son pouvoir et de l’alcool aussi. Mais doit-on pour autant remettre des siècles de création artistique et culturelle en changeant la fin des œuvres, en effaçant des acteurs de films, reniant au passage des créations et des époques marquées par le patriarcat et la misogynie ? C’est vrai qu’aujourd’hui je ne me masturbe plus de la même manière sur les photos pré-pubères de David Hamilton depuis l’affaire Flament. Dois-je renier d’avoir aimé Polanski, Louis C.K, Dustin Hoffman ou Noir Désir avant d’être jugé ? Dois-je brûler mes dvd de Bertrand Blier, Joel Seria ou Gérard Pirès avant que l’on ne m’accuse de rire de choses graveleuses et déplacées ? Quand on pense qu’ici on couvre des statues de marbre aux seins nus et que là on cache l’ »Origine du Monde » de Courbet…Quelle angoisse. Le cinéma et la littérature n’ont toujours été que le reflet de leur époque. Enfants nous racontions des blagues à 90% racistes, sexistes et homophobes. Coluche les relayait aussi sur Europe 1 et Michel Leeb était drôle. Et tout allait bien, sans que l’on sente la suspicion et la haine dans le regard de l’autre, cet enculé. Les hommes, politiques ou religieux, ont été les plus violents et ont armé leurs enfants pour conquérir le monde, exploiter les plus faibles, construire des frontières et affirmer des différences.
Pas les cinéastes, ni les acteurs, ni les auteurs, ni aucun artiste. Qui sont les seuls à rendre cette vie un peu moins monotone, un peu plus passionnante et à ouvrir les yeux de leurs congénères pour que l’avenir soit un peu plus respirable. Il y a des combats justes et des causes à défendre, mais avec cette intelligence et cette grandeur d’âme qui fait cruellement défaut aux décideurs et aux aboyeurs d’aujourd’hui. La culture est une arme, le rire est une défense, mais internet et les réseaux sociaux des déversoirs à foutre et des concentrés de haine difficilement acceptables à l’heure où il faut élever les débats. La société évolue bien plus vite que les mentalités. Et il va falloir s’y faire sans remettre systématiquement le passé en jeu. Construire l’avenir est un enjeu bien plus important, dans un monde qui semble régresser intellectuellement…Mais quand le maître du monde s’appelle Trump, où est l’exemple ?

En 2018, il faudrait que Twitter cesse d’exister. Et que chaque troll, chaque loser, chaque débile derrière son pseudonyme se construise une vie personnelle ou accepte sa propre misère sans reprocher le succès et le talent aux autres. (Il n’y a que Donald, qui ici, soit aussi un génie !) Et qu’à chaque tweet lâche et abject, chacun se dise une bonne fois pour toute qu’il faut mille fois plus de courage pour aller bosser chaque matin à Charlie Hebdo en risquant sa vie pour éveiller les consciences et dérider les cons, qu’en twittant de la merde pour faire régresser la société et triquer son égo.
Alors que vous soyez Charlie ou pas, que vous ayez de l’humour ou pas, essayez simplement d’avoir un peu de recul et une vie intéressante. Le reste devrait suivre naturellement. »

Expo-Coluche-Portrait-1983-par-Francis-Giacobetti

Nos Amis Les Hommes de 2018. 4/01/2018

Alors qu’en Somme, la rivière sortait de son lit, dans mon rêve j’inondais le mien en pensant que la Nation Française venait m’apporter le petit déjeuner au réveil, me caressant au passage le scrotum avec une plume de canard sauvage, elle qui me connait si bien et sait combler chacun de ses enfants.  Avant que le réveil ne sonne pour une reprise toute en douceur d’une humiliation au travail, l’un des aspects les plus socialement acceptables de la Nation Française, qui n’aime rien moins que les feignasses et les smicards, ces furoncles disgracieux sur le visage rayonnant de son grand gourou, le Medef.  Cette même Nation  Française qui envoyait ses enfants au front en fusillant les récalcitrants pour leur apprendre un peu le respect des valeurs et ce courage que n’ont pas les donneurs d’ordres derrière les bureaux. Cette grande Nation Française qui appréciait sa choucroute avec un bon verre de Vichy, cette sublime Nation Française qui éduquait des peuples africains à bien fermer leur gueule une fois la décolonisation venue, cette belle Nation Française qui n’en peut plus d’être américanisée jusque dans son cholestérol, mais où le beauf et les gros cons courent toujours. Sans fusil mitrailleur ! Cette brillante Nation Française enfin qui vient de perdre en Johnny son plus bel emblème culturel, et qui élit Jean-Jacques Goldman comme sa personnalité préférée. Encore un matin pour rien…En 2018 ! Un homme dont l’inactivité depuis 15 ans ferait presque passer Polnareff pour un stakhanoviste de la chanson à texte ! Un homme qui laissa les Enfoirés avec « Toute la vie », dernière daubasse réac et affligeante, et qui ne daigna même pas assister à l’enterrement du rockeur belgo-saintbarthélémien, parce qu’il avait piscine. Même pas eu l’envie de se forcer à avoir envie. Dire qu’aux grandes heures de Coluche, les français élisaient L’Abbé Pierre, le Commandant Cousteau ou Sœur Emmanuelle !! On préfère encore les bondieuseries et les chasseurs de mérous à un chanteur invisible dont le seul coup de maître est d’avoir pollué le top 50 de 1981 à 1991 avec des femmes qui font des bébés toutes seules, des cordonniers, du vieux pain sur son balcon et des chansons faciles pour attirer les moines et les pigeons !!

Qu’il n’y ait plus dans ces sondages inutiles aucun homme politique, on peut aisément le comprendre. La sanction est tombée également dans les urnes. Qu’il y ait tout un tas d’amuseurs publiques, passe encore, la vie est si triste devant Jean-Pierre Pernault, mais la disparition de tout intellectuel, chercheur, écrivain, serial killer ou artiste exigeant nous rappelle pourquoi la Nation Française aime tant faire tourner les serviettes le 31 au soir, après un bon bêtisier et la messe de minuit devant Saint-Hanouna. Pendant ce temps-là, Nordahl Lelandais est monté sur ses échasses pour réfuter en bloc la mort de Johnny, du petit Grégory, d’Estelle Mouzin, de la démocratie, de la déontologie journalistique et l’arrivée au sommet de Laurent Wauquiez. Avec les avalanches, les savoyards que nous sommes n’avaient pas vraiment besoin de ça. Heureusement que Trump nous distrait un peu, comme à son habitude, entre l’interdiction d’un livre polémique, la Russie, le faux réchauffement climatique, l’Iran, Twitter, la Palestine et son gros bouton rouge.  On espère vraiment que Kim jong-un ne mette pas par hasard son coude sur le bureau, mais vu sa taille et sa souplesse, on est un peu rassurés.

Vivement que 2018 prenne tout son essor, entre les commémorations de 14-18 et celles de 98, la grande Nation Française saura encore faire pleurer dans les chaumières et réunir sous un beau drapeau tricolore et une Marseillaise plus que jamais militante, les fans des obus des Poilus et des missiles de Zizou. Avant d’envoyer sa nouvelle armada multi-millionnaire et multicolore en Russie et ses athlètes amateurs blancs en Corée du Sud, histoire d’oublier un peu les lois sur le travail et les augmentations taquines devant un fraternel match de foot et une chaleureuse compétition de biathlon. Une belle métaphore sportive de The Walking Dead. Fuir ses adversaires, courir avec un fusil dans le dos et tirer au hasard si un zombie ou un migrant nous attaque sournoisement. 2018, on est prêts.

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