Qui es-tu Odilon Lambert ?

Odilon et Constantin Lambert ont grandi boulevard de la Chapelle, la grisaille parisienne au cœur, dans un appartement encore plus gris, où l’odeur de renfermé dérangeait jusqu’à la belette empaillée qui trônait sur le téléviseur. Un souvenir du père mort à la chasse. Des deux frères, la mère avait toujours eu une nette préférence pour Constantin, qu’elle astiquait régulièrement en échange d’ une petite pièce lorsqu’ Odilon était aux courses. De leurs carreaux crasseux ils aimaient à regarder passer le métro aérien. Toutes les 3 minutes. Le bruit ne les dérangeait guère, ils n’avaient rien à dire de toute façon, et c’était un peu comme une attraction gratuite. Cet amour pour les rails conduira Odilon à la Ratp et Constantin dans la drogue. Dans les rares moments de lucidité, Constantin en voulait à Odilon d’avoir un salaire et un beau costume vert-de-gris. Dans les autres, il lui arrivait encore de s’allonger la nuit sur sa mère, qui allait sur ses 88 ans. L’appartement se délabrait à la même vitesse que Constantin. Odilon allait presque avoir un rendez-vous avec une poinçonneuse rencontrée à la fête patronale et que son odeur de naphtaline avait séduite. Tout allait bien. Jusqu’en ce 26 mai 1983 où un individu se jeta consciemment sous les roues métalliques de la rame qu’Odilon conduisait sur la ligne 4. Du corps traîné sur 50 bons mètres et un peu électrocuté, il ne restait pas grand-chose d’identifiable dans cet amas de chair calcinée. Odilon sut pourtant d’instinct qu’il venait de marcher dans son frère, de petits bouts collants partout sous ses semelles de crêpe. Constantin avait réussi à gâcher jusqu’au bout le rêve de son frère qui ne put jamais reconduire un métro de sa vie. En mémoire de son père, de son frère et de sa belette il devint empailleur. Odilon est un sentimental.

Nos amis les Hommes. 27/06/2012

Déjà les jours déclinent alors même que l’été, à l’instar d’Eric Besson,  n’a pas donné signe de vie depuis des semaines dans la capitale des Gaules. Mais à la chaleur du soleil ou à celle de Pigalle et du Parc des Princes, les plus sensés d’entre nous auront vite fait leur choix…Comme disait le poète arménien, la misère est-elle aujourd’hui moins pénible au soleil ? Demandons donc à nos amis grecs, espagnols, portugais, italiens, syriens, ivoiriens ou mexicains s’ils n’échangeraient pas un peu de taux d’ensoleillement contre quelques repas chauds et un joli chèque de banque pour faire taire un instant  le tumulte incessant d’un quotidien ultra violent ? En France, les plus chanceux des travailleurs, ceux qui touchent le smic, pourront flamber  21,50 euros de plus dès ce mois de juillet ! Soit 4 paquets de cigarettes ou 2 packs de bières ou quelques tickets à gratter en plus pour aider la Française des Jeux à s’en sortir. Un bien bel été en perspective !

Là-bas, loin de l’actualité brûlante, Georges la plus vieille tortue géante est mort. Juste après le match de l’équipe de France contre l’Espagne. Terrassé par tant d’indigence. Lui qui prônait une certaine idée de la lenteur depuis une centaine d’année, n’aura pas supporté le rythme anesthésié d’une équipe qui n’aura jamais vraiment trouvé d’allant et d’envie, faute à un manque cruel de meneur de jeu et de meneur d’hommes. Faute surtout à des joueurs bêtes comme leurs pieds, auto satisfaits et persuadés d’être arrivés au top en ayant gagné un match. Seul Balotelli peut rivaliser dans la nonchalance exacerbée avec Nasri ou Ben Arfa, la même étincelle bovine dans le regard que Jérémy Ménez. Ce qui fait même sortir de sa réserve l’inénarrable Raymond Domenech, lui qui passa 4 ans à protéger ses anciens joueurs, à raconter des histoires à la presse  et  à inventer un système de jeu flamboyant qui mena la France en car à Knysna ! Il faudrait parfois apprendre à fermer sa gueule. Comme Nadine Morano. Ou Najat Vallaud-Belkacem, qui sous couvert de protéger l’image des femmes voudrait abolir la prostitution !! Ce métier ancestral qui s’acoquine si bien depuis des siècles à la politique mondiale ! Dans une société où le taux de frustration sexuelle ne fait que s’accroître, à l’heure où le pervers court les sous-bois à la recherche de joggeuses bien fraîches, où le pédophile s’en prend aux enfants parce qu’ils courent moins vite, on est en droit de se demander comment finiraient certains profils psychologiquement fragiles, si cette opportunité là disparaissait. Et comment les jeunes étudiantes consciencieuses financeraient leurs études de droit ? A l’instar des abeilles, les putes régulent le monde depuis la nuit des temps, évitant à l’humanité d’imploser et permettant à certains couples de sauver leur mariage forcé ! Et si l’on en revient rarement avec un petit pot de miel, on est en droit de demander un peu plus de respect et de considération pour ces 2 races de protectrices en danger. D’ailleurs la prohibition a-t-elle empêché les gens de boire, la lutte contre le tabac empêché les gens de fumer, la guerre contre l’illettrisme mis fin à l’hégémonie de TF1 ? L’être humain est ainsi fait, lui que les interdits stimulent encore plus pour faire des conneries…

Comme ce jeune ado furieux qu’un autre l’ait regardé de travers et qui l’étranglera pendant une bonne minute pour lui apprendre les bonnes manières ! Sans parler de cette mère russe qui jette ses enfants du 15e étage mais oublie qu’ils ne sont pas télécommandés ou de ces abrutis qui ont rejoué « Project X » dans un pavillon de banlieue, parce que c’est trop lol de détruire et de balancer le mobilier dans la piscine. Alors qu’à côté de Bordeaux on préfère balancer des enfants dans les piscines, ce qui est nettement plus fun. Ca fait bosser des centaines de policiers et ça détourne les chiens renifleurs de la bonne piste ! La vie n’est pas un film et certains confondent souvent ce qu’ils voient sur l’écran avec leur pauvre quotidien. Comme au foot, encore une question d’intelligence. Mais Hollywood pourrait retrouver de la matière première à des centaines de longs métrages si la planète continue à partir en couille à cette vitesse. Y aura-t-il alors encore des gens dans les salles obscures ?

Avec tout ça je n’ai même plus le goût d’aller faire les soldes au Bon Marché. Je garde un peu d’énergie pour la Fashion Week. Heureusement qu’il reste encore des gens qui savent vivre sans se préoccuper du dehors ! Georges la tortue peut dormir en paix, il ne se passera plus rien de notable dans les 100 prochaines années.

Nos amis les Hommes. 13/06/2012.

Nous sommes le 13 juin, et je n’ai toujours pas pu étrenner ma paire de sandalettes Birkenstock que j’achetais à vil prix sur les conseils d’un vendeur à moustaches de chez Colette, qui partageait en plus du mauvais goût allemand, cette coiffure limite Waffen SS qui fait fureur sur les têtes de cons qui suivent la mode à la mèche près. Tout comme les chaussures orthopédiques Scholl, qui passent du monde hospitalier gériatrique aux pages branchées de la hype pédestre, on ne recule devant aucune barrière du ridicule pour exposer ses orteils au Tout Paris qui en a marre des Crocs. « Mais même avec des chaussures à 3000 balles, on n’est pas à l’abri de marcher dans une merde », disait je ne sais plus quel philosophe en tongs. Un grec sans doute, qui n’avait sans doute pas anticipé qu’une société civilisée doit aussi payer des impôts pour s’en sortir, et ne pas compter que sur les belles ruines, les boîtes de Mykonos et les olives noires pour piquer un peu d’argent au touriste épaté (surtout à Mykonos). On a vu d’ailleurs pas mal de supporters grecs à l’Euro, qui ont du trouver un restant de pécule sous leur matelas de misère…Tout le monde n’a pas les mêmes priorités !

Un bel Euro en tous cas, qui démarre sous les litres de vodka, les bagarres de supporters (les 2 n’ayant aucun rapport) et le courroux des abonnés de Canal + qui doivent se taper les matches sur M6 ou filer un peu d’oseille aux cheiks en blanc qui dominent désormais le joli monde du sport de haut niveau. Les ukrainiens qui n’étaient plus à pareil fête depuis l’explosion réussie du réacteur  de Tchernobyl en 86, ont , depuis,  eu tout loisir de s’émanciper des méchants communistes, de chasser le vilain nuage contaminé et d’élever leurs enfants difformes au soleil avarié d’une nouvelle liberté. Et leurs filles aux seins blancs ont su redonner un peu de couleur à la prostitution de luxe dans les bordels européens où les hommes d’affaires trompent leurs femmes et leur ennui. Et si tout n’est pas fin prêt pour la compétition, on louera le courage de Michel Platini d’avoir fait confiance à un peuple d’ouvriers qui boit encore plus que ses co-organisateurs polonais, ce qui n’est pas un mince exploit ! La Pologne, qui n’avait pas attiré autant de monde depuis les journées portes ouvertes d’Auschwitz en 1943, se voit elle aussi sous les feux des projecteurs. Reste à savoir si tous ces visiteurs d’un jour reviendront  d’eux même pour visiter leurs parcs d’attraction, très mal entretenus depuis que les tauliers sont partis en Argentine. Tout se perd.

Pendant ce temps là, des gens peu passionnés par le ballon rond continuent de vivre malgré tout. En Syrie, on tue environ 100 personnes par jour, ce qui nous laisse encore 60 ans de massacre avant que le problème des 22 millions d’habitants ne soit définitivement réglé. C’est trop long. Il faudrait un peu de jugeote si l’on veut passer à un autre sujet avant le Tour de France. Une France qui s’est retrouvée placardée d’affiches toutes plus immondes les unes que les autres pour inciter le badaud à voter aux législatives. Des milliers de candidats ahuris, avec leurs bonnes têtes de vainqueurs, photoshopés qui devant un arbre, qui avec sa famille pour nous donner envie…Hé les gars, on vous a prévenu qu’à l’heure d’Instagram, un enfant de 6 ans est capable de faire des photos mille fois plus inspirées et attractives que vos portraits ringards qui puent la vieille photocopieuse de province ? Faites un effort et on sortira plus facilement pour vous encourager la prochaine fois.

Le givre étant revenu, je reprenais de bon cœur  le métro parisien pour la première fois depuis l’hiver dernier (en avril). Un clodo à l’hygiène capillaire répréhensible s’est alors gentiment épousseté les cheveux au- dessus de moi. Des animaux gros comme des corbeaux morts en tombaient. J’ai l’impression de dormir dans de la laine de verre depuis 2 jours. Faut que j’aille me frotter sur un chien pour lui filer l’excédent de bestioles qui ont élu domicile dans mes pores et semblent parfaitement s’habituer à la lotion sensitive skin care d’Yves Saint Laurent dont j’oins mon corps quotidiennement avant les sournoises agressions urbaines. J’ai eu peur : j’ai vu le futur et il avait une forte odeur de pisse.

Nos amis les hommes. 4/06/2012

Voilà. Ce qui aurait pu être le feuilleton prenant du printemps est déjà terminé. Faute peut-être à des élections déjà passées, nul besoin étant d’effrayer de trop la populace avec une nouvelle histoire de tueur , comme avec celle, passionnante, du voleur de scooter toulousain. Ici, Luka Magnotta est beau et jeune, canadien, un peu androgyne, sûrement abusé par au moins 3 membres de sa famille pour en arriver là. Féru de sciences naturelles et de films pornographiques, le jeune homme aime disséquer des papillons et montrer sa bite. Il prêta d’abord son organe au 7e art pour adultes déviants, avant de vouloir continuer ses études de biologie sur autre chose que des grenouilles mortes.  Il finira donc ses travaux pratiques chez lui, dépeçant maladroitement un jeune étudiant chinois qui était venu au départ regarder Dexter en mangeant des chipsters. Son cours d’anatomie généreusement partagé sur Youtube à l’attention des plus jeunes, Luka s’envola alors pour Paris où quelques connaissances lui avaient conseillé le 13e pour trouver matière à son nouveau hobby. Mais son amour pour la saucisse étant plus fort que celui pour les nems, le voici à Berlin où il se fera attraper comme un bleu alors qu’il regarde les résultats du critérium du Dauphiné Libéré dans un cyber café. Tout ça pour ça. Quand on pense aux images qu’aurait pu donner son immersion dans Secret Story, on reste un peu sur notre faim.

De l’autre côté de la Manche, on jubile. Comme si le temps s’était arrêté un instant sur une société de porcelaine où une vieille dame agite son gant ridé sur une population endettée jusqu’au cou mais qui cherche toutes les excuses pour faire la fête. Et puis ça occupe un peu Elton John. Ainsi donc, sous le crachin londonien, la famille royale est venue faire le show en dilapidant les millions de livres de mécènes courageux, prêts à tout pour sauver la monarchie du naufrage. Peut-être faudra t-il attendre quelques années encore, lorsque ces mêmes londoniens n’en pourront plus de rembourser la dette de leurs beaux jeux olympiques, payés avec leur propres impôts pour le coup, avant que tout ça ne leur pète à la gueule ! Sans doute ce que doivent penser les grecs aujourd’hui, malgré un brillant Euro de foot gagné sans trucage en 2004 et dont les installations non remboursées servent aujourd’hui à élever des boucs et faire pousser des champs de feta. Mais alors que le bon sens populaire voudrait qu’on arrête un peu toutes ces manifestations inutiles pendant quelques décennies, histoire de ne pas en rajouter (les brésiliens sont les prochains à y passer) dans la dette mondiale, on continue d’amuser le peuple pour contenter Coca et Adidas qui ont des canettes et des maillots à vendre à la terre entière. Les espagnols ont eu le courage de ne pas remporter l’Eurovision, le 2e spectacle le plus incongru du monde après le Jubilé justement, afin de ne pas s’endetter bêtement, alors qu’ils sont toujours coiffés comme en 82 et que leur variété locale est déjà bien amochée. En France, on continue de croire qu’on pourra le gagner un jour, on a notre fierté.

Pendant ce temps là, on ne parle pas de Marie-Thérèse Bardet, 114 ans, doyenne des français et des européens ! Elle qui a connu les débuts de Michel Drucker et les 2 guerres mondiales, a déjà 47 ans en 45 quand les américains entrent dans Paris et que les allemands sortent de nos grands-mères.  A l’heure du iPad et des pokes, des Crocs et du piercing pénien, on reste admiratif devant autant de volonté de se réveiller chaque matin pour affronter la vie moderne. Mais on ne le souhaite à personne.