The Last Man On Earth (Fox, 2015)

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Une série qui commence avec le « Apeman » des Kinks dès les premières secondes se doit d’avoir toute notre attention. Quand on apprend de surcroit qu’elle est produite par le génial duo Phil Lord et Chris Miller ( 21 , 22 Jump Street ; La Grande Aventure Lego), qui réalisent aussi les 2 premiers épisodes, on se laisse glisser avec délectation dans les premières images de ce nouvel ovni télévisuel, imaginé par Will Forte, qui a fait ses armes pendant 8 ans au SNL mais reste plus qu’inconnu chez nous. Un rôle dans le « Nebraska » d’Alexander Payne reste son seul fait d’arme récent par ici, malgré ses apparitions dans « Parks and Recreation », « How I met your mother » ou « 30 Rock ». Comédien hors pair, Forte crée avec « The Last Man on Earth », la série post apocalyptique sans zombie, sans alien, sans violence et sans paysages dévastés. Sans explications aussi. Tout juste y apprend t-on qu’un virus est passé sur la Terre en l’année 2020, et que Phil Miller (joué par Forte) est le dernier survivant. Après avoir sillonné les Etats-Unis en bus pour y trouver des compagnons, Miller se pose à Tucson, Arizona, investit des villas, pille des magasins déserts, boit de l’alcool et imagine quelques jeux improbables pour occuper son temps libre. Entre deux films X il implore Dieu de lui donner une compagne afin de rendre sa vie plus agréable. Ce qui sera chose faite à la fin du premier épisode. Mais tout ne sera plus comme avant…D’un concept minimaliste, filmé dans les mêmes paysages écrasés de chaleur et avec la même langueur que « Breaking Bad », le côté potache en plus, « The Last Man On Earth » est un habile mélange de « Seul au monde » de Zemeckis, véritable fil rouge de la première saison, et d’un film plutôt méconnu de 1959 « Le Monde, la Chair, Le Diable » de Ranald MacDougall. Où un survivant (Harry Belafonte) se retrouvait seul dans New-York, parlait à des mannequins avant de rencontrer une jolie survivante. Ici aussi, la confrontation des ces Adam et Eve modernes va donner lieu à tout un tas de problèmes psychologiques et métaphysiques, le sexe devenant alors le principal soucis des rescapés (du moins du mâle !), rongés par la culpabilité de devoir repeupler la Terre avant de prendre du plaisir. Phil et Carol (incroyable Kristen Schaal) vont alors apprendre à cohabiter, avant l’arrivée de nouveaux étrangers dans leurs vies (January Jones, libérée de Mad Men). Et que l’on soit 2, 15 ou 6 milliards d’individus sur Terre, la cupidité, la jalousie, le pouvoir et le sexe prennent toujours le dessus, la nature humaine étant ainsi faite. Quand en plus de ça le personnage principal est suffisamment stupide, pathétique et égocentrique pour rater tout ce qu’il entreprend, gérant au mieux sa crise de la quarantaine en pleine fin du monde, la série prend une saveur succulente et addictive. Ca tombe bien, la saison 2 a été lancée par la Fox, qui, après « 24 Heures », « Arrested Development » ou « American Dad » a encore misé sur un bel outsider.

LITTLE BRITAIN

LITTLE BRITAIN

Entre 2003 et 2006, Matt Lucas et David Walliams, génies comiques du travestissement, dynamitèrent la bienséance anglaise en proposant sur la BBC des personnages hors-normes (handicapés, vieilles incontinentes, obsédés, psychopathes, racistes, homophobes, obèses et autres débiles légers), le tout avec un côté queer plus que prononcé, en jouant eux-memes tous les personnages principaux dans un délire de costumes, de maquillage ultra chiadé et d’irrévérence salvatrice ! Quasi inconnus en France, mais stars aux US (diffusion sur HBO) et en Australie (plus de 32 dates complètes), le duo s’offrira 2 suites toutes aussi savoureuses (Little Britain Abroad et Little Britain USA) avant de créer « Comme Fly With Me » en 2010, où ils jouent tous les employés déjantés d’un aéroport. Sans grand succès, les deux hommes ont depuis quasiment disparu des radars, au grand dam de milliers de fans esseulés par ces dignes descendants de Benny Hill et de Mr Bean, le côté trash en plus !

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Nos amis les hommes. 1/04/2015

Un ami amusant et néanmoins bilingue postait ce matin : « Vos poissons d’avril, on s’en fish », avant que je ne le vire de Facebook, où il faut de toute façon éviter de traîner en ce jour néfaste pour l’humour comme l’est le 14 février pour l’amour. Merci au Gorafi d’avoir ringardisé cette date de la blague obligatoire, l’information quotidienne étant devenue de toute façon assez drôle et saugrenue pour que l’on évite de croire que les Beatles se reforment, qu’il y a des vidéos de Marion Maréchal en soubrette chez Jacquie et Michel ou que le dernier Selah Sue est mortel. Dans la rubrique grande musique, le G20 des millionnaires du disque avait lieu cette semaine à Hollywood, montrant leur courroux au monde entier pour obtenir réparation quant à leurs feuilles de paie tronquées. Dans un élan revendicateur touchant (on se serait cru sur un parking du transporteur Mory/Global au moment de l’annonce des 2150 licenciements, mais avec des Bentley garées au lieu des camions), Jay-Z et ses camarades tentaient le putsch de l’année en s’en prenant à Spotify et Deezer, afin de gratter quelques deniers supplémentaires pour payer leurs divorces ou le petit personnel mexicain qui emmène leurs enfants à l’école. Peut-être auraient-ils du monter un vrai label alors, au lieu de continuer à se faire enculer par les majors du disque qui leur assurent pourtant promotion et visibilité mondiale, plutôt que de venir racketter le chaland pour un système qui existe déjà (Qobuz) au prétexte d’un meilleur son ? Quand on sait qu’un ado lambda écoute leurs tubes calibrés sur des iPhones ou des ordis cramés, c’est vrai qu’il y avait urgence à éduquer leurs pauvres oreilles insensibles au double du prix de la concurrence ! Qui pourrait venir du dissident Dr Dre, ce vilain qui vient de vendre son système Beats Music à l’ogre Apple sur le même terrain du streaming. Dont le plus beau site reste actuellement France Inter, où l ‘on peut enfin écouter de la bonne musique sans les coupures pub ou les jérémiades de Patrick Cohen.

Tristesse capitaliste, affligeante mondialisation, cupidité permanente : après l’art contemporain, la musique et le cinéma, pourvu qu’ils ne s’en prennent pas au sport…Coca-Cola, les meilleurs, communiquent désormais sur les célébrités (« J’ai embrassé Marilyn »), après les anonymes (la campagne populiste des prénoms sur les bouteilles) : vivement qu’ils nous révèlent dans quels troufions mythiques s’est retrouvée la petite bouteille de verre légendaire. Un must, paraît-il, des soirées hollywoodiennes où l’on sniffe d’abord en écoutant Tidal pour être plus souple. En France, niveau déconne, la semaine fut gratinée aussi avec les commémorations des 10 ans de la TNT. Ces chaînes gratuites, cimetières pour vieilles gloires, pépinières pour connasses siliconées ou beaux gosses body-buildés qui occupent le temps de cerveau disponible quand il n’y a rien d’intéressant sur TF1. Mais sans NRJ12, HD1 ou W9, le zapping aurait l’air un peu fade et nos enfants un peu plus intelligents, ce qui fait mauvais genre à l’école. Où l’on apprend, entre deux affaires sordides, que la matière détestée par les 8-16 ans, juste après l’histoire-géo, reste le sperme. Perso j’ignorais ce mot à 8 ans, je connaissais les départements par cœur et j’étais chez les curés. Une enfance normale donc. Où l’on prenait du plaisir à lire le soir avant le repas, où l’on savait s’amuser seul, avec un pneu ou une bouteille de Coca, où les rêves avaient son regard, où l’avenir avait un goût d’amande et de pain frais et où l’on attendait le 1er avril avec impatience.