Gros sur la Patate. 27/02/2021

Le fâcheux est aux réseaux sociaux ce que la tique est au chien, le morpion à mes couilles. Un parasite attaché à pourrir la vie de ceux qui en ont une. Une sangsue. Un vampire de pacotille qui vit par procuration, sans mettre de vieux pain sur son balcon, mais juste en suçant l’énergie et en pompant l’air de toutes les victimes auxquelles il s’attaque. Dénué de talent autant que de projets, sa seule ambition réside dans ce besoin viscéral de cracher sur ceux, plus connus que lui, qui font quelque chose. Ce qui est bien d’ailleurs, quand on a une notoriété moyenne, c’est qu’on est encore à l’abri de ses attaques aussi sournoises que gratuites.

Son courage légendaire l’obligeant à rester anonyme, il s’en prend non seulement aux idées, mais souvent au physique, au sexe, à la race ou à la religion, comme le ferait un enfant de 7 ans dans la cour d’une école ou un chroniqueur sur CNews. Il se nourrit essentiellement des clashs qu’il engendre, se vautre dans les polémiques comme un porcelet dans sa propre fange, en appelle souvent au complotisme et se réunit parfois en meute pour décupler sa rage, parce qu’on est toujours plus fort quand on a un cerveau pour tout un troupeau d’abrutis congénitaux. Parfois, comme dans la ligue du LOL, on peut y retrouver des personnes sensées, éduquées et accréditées, qui s’amusent à imposer leur petite tyrannie numérique afin de se donner l’importance et la reconnaissance que leurs articles ne suscitent plus depuis longtemps.

Ce sont souvent des hommes. Ce qui est d’autant plus agaçant que ça réveille des féministes tout aussi virulentes ! Les transgenres, eux.elles, qui sont aujourd’hui 3% dans le monde, demandent à ce que l’on n’utilise plus les mots père ou mère, ou lait maternel. On ne sait plus à quels seins se vouer, mais il faut ménager les susceptibilités de toutes les minorités. Dégenrer Mr Patate. Réécrire des livres. Revisiter ou détruire des décennies de films légendaires racistes, sexistes, misogynes ou simplement représentatifs de leur époque. Et si on faisait 6 versions pour chaque nouveau film : 1 avec un homme, 1 avec une femme, 1 avec un trans, 1 avec un noir, 1 avec un handicapé, 1 avec un dauphin, pour contenter tout le monde ?  Et si plus simplement, on fermait un peu sa gueule en allant juste voir les films qui nous intéressent ?

On veut de l’écriture inclusive, la plus grande escroquerie grammaticale depuis les premiers textes d’Aya Nakamura, histoire d’exclure pour de bon les analphabètes et les dyslexiques. On veut pouvoir dire une oiseau, une train, une avion ou une bateau, y en a marre de ce sexisme des transports !  Et pour Dieu, Mahomet et le Père Noel, on fait comment ? Ca casse les couilles ces barbus qui contrôlent le monde ! On veut des steaks dans nos cantines, parce que nos enfants vont mourir, on veut du tofu dans nos restaurants parce que nos animaux vont mourir. Et si on mangeait nos enfants, histoire d’éliminer une partie du futur problème ?

La liberté des uns s’arrête où commence l’intolérance des autres.

Attaqué à nouveau par les mêmes hystériques, 10 ans après la première salve, Orelsan prévenait pourtant déjà dans Suicide Social (constat lucide et percutant d’une certaine France reloue, qui refuse d’entendre ses 4 vérités, mais aboie toujours pour dénoncer celle du voisin.) :

Adieu ces associations bien pensantes/ Les dictateurs de la bonne conscience/ Bien content qu’on leur fasse du tort./ C’est à celui qui condamnera le plus fort.

En 10 ans, rien n’a changé. Bien au contraire. Chacun se replie dans sa case, dans son clan, dans son coin. Dans ses certitudes. Voilà donc où en sont les priorités de chacun en 2021 alors que la planète se meurt doucement au soleil d’Instagram. Un selfie et quelques milliers de like avant de crever. Sur ma tombe on mettra un pouce bleu et des émojis cœur. Dehors il peut bien tomber de la merde, la nature peut bien se rebeller, tant qu’on est connectés tout va bien. Notre président fait mumuse avec des youtubeurs, mais les jeunes, ceux qui ne meurent pas dans la rue avant 15 ans, ne sont-ils pas de futurs électeurs ? Les West-Kardashian se séparent. Qui aura la garde de l’égo ? Tout va bien. C’est la crise à l’OM, les supporters contrôlent la situation. Isabelle Balkany est en prime-time chez Hanouna, Patrick est en liberté. Tout va bien. Les Daft Punk se séparent, eux qui vivaient cachés depuis 20 ans, se sont désintégrés dans cette époque dématérialisée et pourtant si matérialiste, où l’on cherche à augmenter sa visibilité avant son talent. Humains avant tout. Les fâcheux diront qu’ils faisaient de la merde en pompant tout le monde.

Les fâcheux diront que je suis un mâle blanc, hétérosexuel, de plus de 40 ans et que je suis responsable de tous les maux de la Terre. Je ne suis responsable de rien, si ce n’est de mes propres actions. Je n’ai pas à payer pour les actes insensés ou irresponsables de mes ancêtres. Pas plus que je ne suis fier des choses positives qu’ils ont accomplies. Je reste à ma place. En observateur d’une société qui ne me convient plus. J’observe juste des fâcheux et des groupuscules décidant pour les autres. Qui censurent, qui dénoncent, qui obligent. Qui, sous couvert de dénoncer une société liberticide et castratrice, se comportent comme les pires des dictateurs à moustache, divisent et fragilisent une société qui n’avait pas besoin de ça.

Pour éliminer les tiques et les morpions, j’ai dû abandonner mon chien et me raser les couilles. La solution pour éliminer les fâcheux est bien moins contraignante. Couper Twitter et prendre un livre. J’ai pas mal de retard et du temps devant moi. Les salles sont fermées et la notoriété moyenne est un luxe qu’il faut entretenir.

Animal on est mal. 11/02/2021

A l’instar de tous ceux qui avaient une vie sociale il y a quelques mois, les membres de l’association PETA semblent se faire chier comme des rats morts. Depuis que les pétasses des magazines et des podiums ne portent plus de vison, depuis que les visons ont le Covid (ou la grippe aviaire, je ne sais plus), depuis que la majorité des bobos de ce monde est devenue végane, ou flexitarienne, ou crudivore, ou calliophile (celle qui aime sucer des cailloux), depuis que les chatons ont remplacé les bébés phoques pour émouvoir les enfants-écrans, il faut bien que les antispécistes occupent leur temps libre comme les autres: en postant de la merde sur les réseaux sociaux.

L’association estime donc que les humains utilisent un vocabulaire trop oppressif envers les animaux ! On ne doit plus dire poule mouillée, paresseux ou mort aux vaches ! C’est vexant. Alors c’est vrai que sur leurs actions contre la chasse à courre, la pêche aux thons ou la corrida, on était prêts à les suivre sans chercher la petite bête. Mais là mes biquets, votre sortie ne vaut pas un pet de lapin et vous passez pour des buses devant tout Internet qui vient juste de lâcher les mêmes de Bernie Sanders pour les templates « à la Macron », et c’est vrai que c’est super drôle !

Si on peut décemment accepter que certains hommes ne soient pas l’égal de certains animaux, vu leur comportement bestial, on peut aussi entendre que les animaux, petits ou grands, sont l’égal de l’homme (sauf si on ne cautionne déjà pas la théorie de l’évolution comme tous ces dingos de croyants) !  Mais que les animaux entendent, et comprennent, ce que dit l’homme, ça dépasse l’entendement ! Encore une fois, une poignée d’élus se s’est sentie investie d’une mission divine, comme pour l’écriture inclusive, en décidant de parler au nom de tous, et de rendre la vie des animaux et des féministes plus juste. Parce que comme on dit entre nous, « il ne leur manque que la parole à tous ceux.celles-là !  » Mais si les chiennes de garde ont d’autres chats à fouetter, les animaux en question manifestent rarement leur ras-le-bol le samedi après-midi, pendant que les troupeaux bêlants font les soldes. A force d’enculer les mouches, le véritable combat des antispécistes devient une mascarade qui fout même le cafard aux plus ardents défenseurs de la cause animale.

Perso, si je devais parler au nom de toutes les bestioles opprimées sur cette planète, je lancerai les hashtag #metootoo, afin d’aider les chiens abandonnés à dénoncer leurs cons de propriétaires ou #balancetonmaître pour donner enfin la parole à tous ces animaux domestiques qui subissent la cruauté des enfants, la solitude des célibataires interdits sur Tinder, l’affection de ceux qui aiment simplement les poils et les conjoints silencieux pendant et après l’amour, ou la perversion zoophile des réseaux russes qui alimentent le dark web pour le plus grand plaisir des amateurs de femmes avec des queues de cheval…Pour hennir de plaisir.

Mais revenons à nos moutons. Cette époque fout déjà tellement le bourdon, entre le froid de canard qui s’est abattu sur l’Europe, le procès de ce bourricot de Trump et les joueurs de l’OM qui jouent comme des tanches, il nous faut en plus régler le problème de tous ces gros porcs qui abusent des oies blanches dans les hautes sphères, comme dans les basses cours. De la menace des femmes cougars ou celui de ces petites cochonnes qui en montrent beaucoup sur les réseaux puis qui viennent crier au loup, parce que quelques blaireaux peu éduqués se comportent comme des gros bœufs devant leur provocante plastique. Entre les nids de guêpes et les paniers de crabes où s’ébrouent les requins de la finance et des affaires, les grenouilles de bénitier qui montent sur leurs grands chevaux au moindre faux pas, les serpents sournois qui sifflent sur nos têtes, les politiques qui nous font avaler des couleuvres, on finit par marcher sur des œufs dans ce monde de bourrins.

Dans leur cheminement vers plus de respect animalier, souhaitons donc bonne chance à Peta pour trouver une équivalence au mot levrette, qui a quand même l’avantage d’être féminin, contrairement au missionnaire. Si on peut contenter tous les clans…Allez, je dois aller faire la cuisine. A midi je mange des moules.