Inceste de citron. 22/01/2021

Passer de Trump à Biden, c’est un peu comme binge-watcher Les Marseillais à Cancun avant de regarder l’intégrale de Tarkovski, comme écouter un débat sur CNews avant d’écouter Laure Adler, comme se masturber avec un gant de crin avant de passer au gant de nouilles…Ca fait comme un bol d’air frais, une sensation de calme plus apaisante que n’importe quelle séance de méditation quotidienne. La fin d’un cauchemar pour toute personne sensée, le début d’un autre pour toute personne censée croire que Trump était la personne sensée…Pour eux, pas de révolution annoncée, pas de renversement inopiné, leurs prédictions envolées en même temps que Mr Orange vers la Floride. Ce territoire d’apparences et de vieux botoxés aux frais des fonds de pensions ricains, qui essorent depuis trop longtemps nos belles compagnies européennes, et où Mélania pourra fondre son inutilité glaçante, pendant que Monsieur perfectionne son swing autour de nouveaux trous.  

Un peu de calme, d’humanité et de réflexion ne feront pas de mal dans une période où plus rien ne nous laisse penser qu’il y ait un jour un retour à la normale…

Et si, du coup, motivés autant que contraints par ces nouvelles perspectives, nous prenions le parti de vivre ces 50 ans dernières années juste pour le plaisir. Comme Herbert Léonard, mais avec bon goût et désinvolture. Revenir aux fondamentaux. Aux joies simples. Sans travail, sans argent, sans pression, sans 5G. Echanger, se prêter, se parler, se regarder, se voir. S’entendre sur à peu près tout. Se dire qu’on aura bien merdé quand même, mais que comme en colo, c’est toujours au moment de partir qu’on regrette de ne pas avoir embrassé Patricia Dubois. Tout ce qu’on a raté, tout ce qu’on n’a pas fait, ces frustrations laissées ici ou là pour faire plaisir à un patron, à la famille, à Jésus ou à d’autres personnages de fiction. Tout ces moments à vivre où l’on était déjà mort. Tous ces moments éveillés où l’on avait les yeux fermés. Tous ces moments à écouter les rumeurs et le tumulte plutôt que la sagesse et le silence. Tous ces moments à snober la nature plutôt que d’apprendre avec elle. Tous ces moments passés dans la peau d’un gros con plutôt que dans celle d’un être humain. Tous ces moments à avoir peur alors qu’on était les plus heureux du monde. De notre monde. Le seul qu’on connaisse, le seul qu’on aurait pu sauver…Tous ces moments où l’on aurait du rire plutôt que de pleurer ou de s’apitoyer sur son sort, à regretter le passé pendant qu’on détruisait déjà le futur.

Mais le 20 janvier c’était le jour des soldes. Et on n’avait pas le temps pour se poser autant de question. Et il y a un temps pour tout. Surtout pour faire de bonnes affaires ! Et braver le Covid pour un 40% sur cette jupe Zara, ça vaut bien un 40 de fièvre en rentrant à la maison. Il faut savoir rester chic pour le prochain confinement, les photos sur Insta ou sur Tinder. On ne sait jamais. On n’est pas à l’abri de tomber sur un mec bien. Un qui ne violerait ni ses enfants, ni ceux des autres, qui ne mangerait pas de viande, qui aimerait vos névroses, vos chats, et daignerait partager le bout de chemin qu’il reste sans penser au cul, au foot ou à la voisine. Bacri était un mec bien. Enfin, on pense. Garant d’une certaine classe et d’un esprit peu vu dans la comédie française « grand public », le bougon le plus célèbre depuis Jean Yanne s’en va à son tour, voir là-bas si les gens sont moins cons. Les français sont tristes de perdre finalement quelqu’un qui « dans ses films » leur ressemblait tellement. A défaut de 66 millions de procureurs, la France compte sûrement pas loin de 66 millions de ronchons. Un sport national, qui a parfois ses bons côtés…

Mais à force de râler, sait-on encore seulement rire ? Différentes affaires récentes montrent que non. Xavier Gorce et Plantu quittent Le Monde. La presse ne défend plus ses dessinateurs. Qu’ils aient peur de groupuscules religieux intégristes et très premier degré, passe encore, ils ont des armes, mais que l’on plie aujourd’hui devant des internautes, qui n’ont que des pseudonymes…En plus d’une fragilité psychologique et une susceptibilité un peu exacerbée. Les communautés (religieuses, sexuelles, alimentaires, vestimentaires, sportives, animalières…) s’érigent en gardiennes du temple, faisant régner la terreur sur des réseaux sociaux devenus incontrôlables, ramenant les débats et la pensée à la préhistoire. Non, on ne peut plus rire de rien, nulle part, sans que cela tourne au drame, frôle l’hystérie et alimente des discussions stériles entre fanatiques de quelque chose. L’humour n’est pas donné à tout le monde. Même si tout le monde pense avoir de l’humour. Que les choses soient dites, même si, à ce niveau du texte, les pourfendeurs probables ont déjà arrêté de lire depuis la 3e phrase: plus une société s’appauvrit culturellement et intellectuellement moins elle a de recul. Donc d’humour. Ce qui nous distingue pourtant des animaux. Comme le plaisir.

Et ce n’est pas parce que ces notions là nous manquent cruellement aujourd’hui, qu’il faut devenir aigris et détestables en attaquant tous ceux qui ne pensent pas comme vous. On ne peut pas être Charlie contre Daesh, mais pas Charlie avec les pingouins ! Si Violente Viande vous touche (avec ses mots), lisez-le, et partagez-le. S’il vous débecte, désabonnez-vous et lisez Arsène Lupin. Il n’y a pas de sujets tabous. Il n’y a que des gens pas prêts. La vie dehors sera toujours plus violente et dégueulasse que n’importe quelle chronique, que n’importe quel dessin, que n’importe quel sketch. Que personne ne vous force à lire, à regarder ou à écouter. Indignez-vous pour de vrais sujets, de ceux qui mettent réellement la survie de cette planète en danger. Comme ce dernier titre de Gims et Black M, César…Au sommet du cynisme, les mecs ne se font plus chier à écrire des chansons. Ici, ils reprennent l’air de ‘’Savez-vous planter les choux’’ pour s’assurer un succès immédiat chez les 5-10 ans, leur cœur de cible. Quand on pense avoir touché le fond avec Jul…Pour les autres qui n’auraient plus d’inspiration (en ont-ils eu un jour ?), je vous propose la vraie version d’«Il fourre, il fourre le curé », véritable hit en puissance qui prendra toute sa saveur dans les cours de récré ou chez les scouts. Il serait temps de se rendre compte que les légendaires chansons pour enfants cachent souvent des textes coquins et paillards. Autre temps, autre mœurs, comme on dit chez les Duhamel.

L’âge de Pierre. 8/01/2021

Et si finalement 2020 n’était pas le plat de résistance, mais simplement l’entrée, voir l’apéritif d’une nouvelle décennie où la nature reprend ses droits et nous remet enfin à notre place, après trop de dommages corporels et de viols non consentis ? (Attention spoilers : à partir de là, nous allons perdre les créationnistes de base, ce qui n’est pas très grave, puisque on les aurait de toute façon perdus après, avec la partie sur Trump ou sur le complotisme, puisque toutes ces croyances sont étroitement liées dans leurs esprits étriqués.)

L’être humain, donc, en arrivant sur Terre de manière scientifiquement miraculeuse (à ce jour aucun autre signe de vie extraterrestre n’a été détectée dans l’univers, sauf ceux qu’on nous cache depuis Roswell évidemment !) n’avait qu’une mission à mener à bien pour le salut de la collectivité : préserver son environnement naturel. Après seulement 2,5 millions d’années d’existence, l’Homme (avec tous ses dérivés successifs), est donc en passe d’anéantir son terrain de jeu, et par la même occasion son existence si précieuse et si rare, démontrant qu’il ne suffit pas d’être intrinsèquement moins con qu’un dinosaure, alors qu’on aura mis grosso modo 2000 ans pour anéantir ce que la planète aura mis patiemment 4 milliards d’années à bâtir.

A quel moment tout est parti en couille ? Avec les premières frontières, la domination de l’homme blanc sur toutes les autres espèces, les premiers tatouages Vikings, la domination de l’homme par l’argent, l’invention des religions, le massacre des indiens d’Amérique, la séparation des New Kids On The Block ? Difficile de répondre ici sérieusement, mais il semblerait que tout soit plus ou moins lié à l’apparition du premier virus Connardus Maximus qui dévasta une grande partie de la population mondiale à la création des premières monnaies et de leurs premiers effets collatéraux : exploitation, inégalités, esclavagisme, delirium tremens, perte des réalités, abus de pouvoir, détournement de fond, vols, meurtres, pillages, invention des religions, abus de bien sociaux, politique, extorsion, salaires, chômage, mendicité, colportage, guerre, famine, boursicotage, guerre de religions, héritage, prostitution, trader, Pirates des Caraïbes, Pirate Bay, mafias, sectes, religions, arnaques, délinquance juvénile et autres Française des Jeux. Dévastatrice, la maladie se transmit de manière contagieuse autant qu’héréditaire aux premiers éblouis, puis à leurs enfants puis à leurs enfants puis à leurs enfants puis à leurs enfants puis à leurs enfants puis à Donald Trump.

En l’espace de quelques siècles, le double ravage crée par l’argent roi et un taux de connerie bien supérieur à la moyenne tolérée, allait laisser exsangue une bonne partie de l’espèce humaine, persuadée que la propriété terrienne, la possession d’un SUV 7 places et d’une femme 2 places, d’un chalet à Megève, d’une tripotée d’enfants aussi blonds que discrets dans l’inceste, et d’une collection de dauphins en cristal Swarovski étaient le signe d’une vie épanouie comme d’une bonne santé mentale. Pour beaucoup le seigneur guiderait leurs pas, jugerait leurs actes, laissant à chacun la liberté d’interpréter les textes divins ou de sacrifier tel ou tel membre de sa famille. Incarnation de cette réussite sur tous les tableaux, Donald Trump serait donc pour toute une frange de la population, un exemple et un leader politique et spirituel. Un peu comme si Philippe Crozon était leader de l’équipe de France du 100m papillon ou Loana présidente de l’Académie Française en somme.

C’était donc prévisible. Voir prérisible. Après 4 ans de mascarade, d’éructations et de comportements infantiles, celui qui régla le sort de la politique américaine à grands coups de tweets rageurs et de sorties indécentes, aura donc créé devant nos yeux ébahis une immense secte à son image. Inculte, puérile, belligérante et complotiste, répétant à l’envi des mensonges assénés comme des vérités : journalistes fake news, migrants terroristes ou démocrates communistes. Il n’en faut guère plus dans un monde de réseaux sociaux et de réflexions inexistantes pour monter une armée. Dans leur envie légitime d’un monde meilleur, ce troupeau de clowns enguirlandés aura fini son cirque en apothéose, venant piétiner une démocratie dont ils ne comprennent rien, aux yeux d’un monde moderne anéanti par tant de bêtise et de violence crasse. Le pire étant qu’aucun d’entre eux n’était pour une fois armé, le jour glorieux de cette révolution qui devait faire trembler le monde endormi ! Comme aux grandes heures des putschs sud-américains, cette armée d’illuminés, drapés de bannières étoilées en guise de capes d’immunité, ont voulu croire une dernière fois aux élucubrations insensées, aux gesticulations désespérées d’un des pires modèles que la politique moderne aura offert à son peuple, finissant sa carrière sur l’image d’un mauvais canular de Patrick Sebastien. Dans ce monde-là, la révolution c’est donc de renverser des bureaux et de faire des selfies au Capitole…

Peut-être que nous sommes dans le déni, nous, pauvres mortels qui n’avons pas encore eu l’illumination, mais le temps presse pour sauver in extremis cette planète qui n’en peut plus de nous. Il faut se débarrasser des virus comme des complotistes, comme de tous ceux qui ralentissent un processus écologique et un revirement de comportement obligatoire. Trump est un ennemi du bon sens et de l’humanité. Mais il en reste encore des centaines comme lui, bien plus dangereux car bien moins prévisibles et ostentatoires.

En 2021, il ne faudra plus se tromper de combat.