Toute personne de bonne volonté, qui s’est réveillée joyeuse aux blagues de Nicolas Canteloup, se retrouve définitivement changée au moment où elle met les pieds dans le métro parisien. Les têtes se baissent, les visages deviennent gris, les sourires se figent. Les usagers alors forment de longues queues aux cadences robotiques, dénuées de toute trace de vie humaine. Comme une longue file d’attente à un meeting du Front National ou à un concert de Michel Sardou. On a connu des voyages en train vers la Pologne un peu moins moroses ! J’ai donc décidé d’arrêter de me mêler à ce troupeau anesthésié qui file doucement vers une mort cérébrale certaine et de braver ma peur du danger et des cyclistes en enfourchant quotidiennement un scooter de fort beau calibre, laissant le vent fouetter mon visage poupin, la pollution graisser mes cheveux chatoyant et mes yeux vagabonder à l’érotisme matinal des joggeuses en lycra et des parisiennes court vêtues en Vélib. Le tout sans risquer de me faire piquer mon iPhone 5 ou d’entendre « La Vie en rose » massacrée à l’accordéon alors que je me concentre pour écouter au casque le dernier Christophe Willem.
Il y a des moments comme ça dans la vie où il faut savoir dire stop. Aller de l’avant, prendre les choses en main, comme une Tristane Banon 8 ans après les faits (pendant c’est pas prouvé…). C’est dans cette volonté de changement, et suite aux multiples exemples que nous donnèrent récemment la crise financière et le sport de ballon rond, que je décidais d’un commun accord avec moi même de faire racheter mes enfants par la Chine. Histoire d’alléger mes mensualités et mettre de côté pour acheter cette Rolex qui marquera ma réussite sociale dans une dizaine d’année. Et si par la même occasion les chinois peuvent trouver dans quelques usines spécialisées un stage de 3e pour les gosses, leur professionnalisme et leur savoir faire en la matière seront toujours plus formateur que les ambiances socialement tendues d’un Monoprix provincial. Restons ouverts au modernisme ! Concernant ma femme, dont les coûts journaliers s’approchent du salaire annuel d’un chirurgien grec, je décidais, non sans mal, de la céder aux Qataris, ayant entièrement confiance en des gens qui font confiance au PSG. Sachant de surcroit que ce peuple a des années d’avance sur nos civilisations en matière d’élevage des femmes et d’éducation des chevaux, il semblerait que le deal soit équitable.
Alors crise, tu ne passeras pas par moi ! Ainsi en ai-je décidé afin d’apaiser ma conscience en attendant les extra-terrestres incas de 2012. Au moment d’une envie d’ovalie exacerbée, finis les suppositoires qu’on cherche à placer de force dans le fondement d’une humanité qui aimerait bien profiter enfin de ses congés payés et de son coin de jardin. En attendant ces jours utopiques, profitons au mieux de quelques disques qui changèrent en leur temps la face du monde : les albums de Pink Floyd, enfin réedités proprement pour redécouvrir les méandres enfumés de quelques cerveaux géniaux et « Nevermind », album culte d’un trio de Seattle qui imposa aux jeunes du monde entier les chemises à carreaux trop grandes, les skates et les cheveux gras , avant que son leader ne laisse son cerveau génial sur la moquette de Courtney Love, qui n’en avait jamais vu de près. Kurt Cobain avait sans doute compris qu’il n’obtiendrait rien de cette société là. Un vrai visionnaire.