Nos amis les hommes. 23/01/2014.

Rien de tel qu’un séjour à Deauville pour se purifier les idées entre les affaires Dieudonné et la mort d’Ariel Sharon, histoire de changer un peu d’atmosphère. La vérité. L’air marin, les embruns plutôt que les odeurs nauséabondes d’un pays qui fait ses unes dans les ordures de la presse people. La côte défile, je suis songeur en regardant les kilomètres que ma Lexus débite, excité cependant par cette fragrance iodée qui me rappelle que cette Natacha n’a pas récupéré son slip hier soir. Une de ces femmes magnifiques, sans âge, et qui ressemblent de dos à leurs filles et de face à leurs mères, à la blondeur décadente, dont chaque veine remplie d’amour et de botox palpite à la caresse d’un amant délicat en attendant que Monsieur leur avoue enfin l’aventure qui mettra fin à leur calvaire. Mariage pour tous, adultère pour les autres et IVG pour personne. De tous ces sujets-là, François, qu’on disait peine à jouir, devra discuter en privé avec François, qu’on pensait mou du gland, confessant ainsi en haut lieu sa simple vie d’être humain amoureux. Et pourra se vanter d’avoir fait baisser la TVA sur les préservatifs au meilleur moment, même s’il lui reste des efforts à faire pour se protéger des paparazzis. Il faut dire que depuis son arrivée au balcon, le nouveau Pape fait souffler un nouveau vent progressiste, limite punk, dans le décolleté des intégristes mal baisées. En attendant les premiers cierges-godemichés parfumés à la vanille, François 1er se réjouit d’Internet « ce don de Dieu » ! Une véritable aubaine pour les prêtres du monde entier ayant enfin accès aux sites pédophiles sans se risquer à des cours de catéchisme désuets où ils aimaient jadis regarder les premiers communiants s’asseoir sur leurs aubes.
Le drame de la misère sexuelle ayant encore donné lieu à un acte improbable du côté de Perpignan. Non pas un nouvel album de Cali, mais une tournante organisée à grand renfort de bières et qui dégénéra sauvagement, puisque un mouton et deux brebis y laissèrent leur vie, leur peau et leur virginité. Une concurrence de plus déloyale pour les prostituées locales, déjà pénalisées par les amendes au consommateur et un fort accent catalan. Puissions-nous pour de bon adhérer au projet de loi sur les restrictions régionales, afin de ne plus être, en 2014, témoins de ces drames champêtres et provinciaux, en rendant la Picardie à la Belgique, l’Alsace à l’Allemagne, la Bretagne aux anglais, les naufragés à la mer, la Corse à l’Italie, la chance aux Chansons, Dieudonné à Israël et la France aux français ! Et pouvoir enfin respirer et continuer l’aventure entre gens civilisés. Comme en République Centre-africaine.
Mais à chaque pays son lot de drames. L’Ukraine a les boules, la Russie le curling et les Etats-Unis Justin Bieber. Le jeune imberbe est devenu subitement incontrôlable, va aux putes et serait accro à un sirop pour la toux. La nation toute entière retient son souffle et ses postillons pour que le blondinet guérisse vite et ne finisse pas au rayon de ces rockeurs partis trop tôt pour avoir consumé la vie par les deux bouts ! A l’heure où pour se vendre au plus grand nombre la majorité des rappeurs et des couineuses RnB misent tout sur les beat, le Rock n Roll doit se trouver de nouveaux guides. En France ce sera Fauve. Ou Kyo, qui se reforme alors que personne, à part le Fisc, ne se souvenait d’eux. Un pays déjà en manque de repères et qui perdra ce soir une de ses héroïnes emblématiques, « Julie Lescaut », cette série palpitante qui nous faisait patienter en attendant l’arrivée de « True Detective » et le retour de Jack Bauer…Après 22 ans de bons et loyaux services, la rouquine Véronique Genest pourra de nouveau se consacrer au jambon Madrange et raconter des conneries sur les plateaux télé. On se rassurera en se disant que « Plus Belle La Vie », « Joséphine Ange Gardien » et « Louis La Brocante » continuent, et que même si l’on n’a plus de nouvelles de « Navarro », la fiction française, c’est quand même autre chose ! Autre chose que du cinéma…

Nos amis les hommes. 10/01/2014

Sueur, énervement, bières qui volent contre la télévision, cheveux tirés, perte d’appétit, retards menstruels, guerre des chapelles : voilà dans quel état se trouvaient récemment les téléspectateurs français en attendant la décision fatidique ! Qui ne fit d’ailleurs pas que des heureux et généra son lot d’insultes, de noms d’oiseaux et de post pleins de haine et de fautes d’orthographe ! C’est donc bien Mika qui allait remplacer Louis Bertignac dans le jury de The Voice ! Remis de ces émotions, la vie, la bourse et les élèves reprenaient leurs cours. Pendant ce temps-là, la République sortait fièrement grandie du Sénat d’où un vendeur d’armes grabataire, homophobe et hors la loi repartait libre comme l’air, l’immunité bien vissée au visage, geste bien plus provocateur qu’un quintal de quenelles aux Halles de Lyon. Que chacun soit d’ailleurs rassuré, ce légume bourratif n’aura, de l’avis des experts, quasiment pas souffert de cette fastidieuse campagne de dénigrement. On souffle chez Giraudet et William Saurin.
Voilà donc la France dans toute sa splendeur : celle des affaires Tapie, Woerth, Bettencourt, Sarkozy, Cahuzac, celle où les fleurons de l’industrie (Total, Orange, Amazon) ne paient pas d’impôts sur le revenu mais qui voudrait, pour l’exemple, faire tomber un ex-humoriste devenu ennemi public N 1, comme Al Capone. Toucher aux bourses, avec de la paperasse, ce mal de l’administration française. Celle aussi des meetings décomplexés du Front National, bientôt première puissance politique, des défilés ultra cathos, des vielles badernes homophobes (Guerlain, Boutin, Delon, Dassault donc) et du franc parler des hommes politiques, provocateur et gentiment raciste (Sarkozy, Hortefeux, Hollande, Valls…).Mais ils n’avaient pas vu les micros. Ce monde politique où l’on peut insulter une ministre pour sa couleur de peau…Ces mêmes personnes, qui trouvent aujourd’hui responsable et respectable de faire interdire un spectacle « humoristique » et s’en vont donner des leçons de civisme à la Russie. Alors, au-delà de la personnalité controversé de l’homme à abattre, c’est bien tout un système écœurant et fatiguant qui nous saute aujourd’hui à la gueule : le pays dans lequel nous vivons est devenu lamentable, suffocant, par la faute de ses élites dirigeantes, coupables d’incompétence et de bouffonnerie, mais bien moins drôles que certains sketches de la personne incriminée.
Par contre, quand il faut lécher le derche des princes qataris ou des dirigeants chinois, chacun met son courage et sa dignité dans sa poche en trouvant vraiment cool de faire jouer un Mondial de foot en plein hiver, quitte à bouleverser le reste des compétitions pendant des mois pour faire plaisir aux potes de Platini et nouveaux patrons du football mondial. Après des années à s’être bien foutu de la gueule de tous ces mangeurs de nouilles et de taboulé, où chacun trouvait son intérêt en y faisant coudre ses polos ou en y achetant son pétrole à moindre frais. Mais miracle de la technologie et de l’évolution, ces gens-là possèdent aujourd’hui la moitié de la planète, de nos centres commerciaux, de nos banques, de nos crédits et de nos clubs préférés ! Alors venir chipoter sur le respect des droits de l’homme, est-ce vraiment primordial et bienvenu? Contrairement à l’Espagne, les femmes chinoises et qatariennes ont au moins la décence de ne pas trop la ramener sur des conditions de vie et d’habillement choisies et optimisées pour éviter l’enfer et la lapidation. Alors que dans les ruelles madrilènes, l’annonce de l’arrêt de l’IVG à tout va en a défrisé plus d’une ! Il faudra désormais justifier d’un viol pour accéder à l’intervention dans ce pays reconnu alors pour ses avancées résolument modernes (hormis les coiffeurs, qui officient toujours comme en 82) et qui vient de se manger 200 ans de recul avec cette annonce, au moment même où le Pape François est quasiment chaud bouillant pour excuser les tournantes et reconnaitre l’utilité des femmes hors mariage ! Que se passe-t-il donc au pays avant-gardiste et chatoyant de Miro et de Desigual ?
Accueillons donc les jolies espagnoles imprudentes dans notre belle contrée progressiste où l’on sait prendre des décisions drastiques et salvatrices pour l’environnement et le Trésor Public comme abaisser la vitesse à 70km/h sur le périphérique !! Une nouvelle victoire contre la mort, la tôle froissée et l’automobiliste pressé, qui, après deux plombes d’embouteillages pour venir de banlieue, n’est plus vraiment à une demi-heure près !
Autant d’avancées importantes et vitales qui nous ont presque fait oublier le manque d’argent pour les soldes, le déficit commercial qui s’est encore creusé, les histoires de quéquette rocambolesques du président Hollande, l’importance du planter de bâton, les 1200 licenciements que l’on Redoute dans la vente par correspondance ou le nouvel album d’Amel Bent. Et ne perdons jamais de vue que nous vivons dans un pays qui a pour personnalité préférée un chômeur de longue durée, coupable d’avoir écrit « Elle a fait un bébé toute seule », cet hymne anti IVG, et engendré toute une nouvelle génération de chanteurs pour comédies musicales au rabais. Et en 3e position, derrière JJ Goldman et Omar Sy, on ne fait pas dans la demi-mesure : Mimie Mathy, autre quenelle lyonnaise, et actrice mimythique de « Joséphine Ange Gardien » ! Encore une histoire de mauvais goût et d’indigestion. Heureusement qu’on est au pays de Vittel.

Nos amis les hommes. 5/01/2014.

Fin 2013, à l’heure où les promesses de jours meilleurs se vomissent en même temps que le mauvais champagne, à l’heure où les opérateurs téléphoniques assurent quelques bonus à leurs actionnaires sur le dos de vœux groupés à peine sincères, je profitais de la solitude hivernale d’un cabanon du grand Nord canadien pour prendre mon élan. Et nous passâmes une nuit fantastique, loin des ragots et de la fureur de la ville avant qu’il ne regagne sa forêt enneigée et sa vie de bohème, être cornu, libre et caressant. Comment après ça revenir aux dures réalités d’une nouvelle année où dès le premier jour la Sncf, la Poste et les manufactures de tabac commençaient à ponctionner nos étrennes pour des trains qui n’iraient pas plus vite, des lettres surtout destinées à payer nos impôts (on a les sms pour les proches désormais) et des cigarettes pas plus cancéreuses qu’avant. Le coût de la vie, nous dit-on depuis qu’on sait qu’on peut prendre le contribuable pour un con au sortir des fêtes. Comme si la vie avait un coût. Comme si l’être humain qui n’a déjà rien demandé en venant au monde devait payer son droit de passage sur cette planète, pour supporter en plus un boulot misérable, côtoyer des collègues racistes ou homophobes et vivre dans une famille de cathos intégristes ou de militaires de carrière. Voilà donc à quoi en est réduit la condition humaine en 2014 après quelques millions d’années d’évolution où l’on se rapproche toujours plus du batracien malgré l’invention ces dernières années du réchaud à gaz, de la démocratie, de la guillotine, du rayon laser ou des dosettes Nespresso.
Ainsi donc, au moment où le français qui aime les traditions peaufinait son taux de cholestérol, l’assemblée nationale vint glisser au pied du sapin une nouvelle loi qui devrait permettre à l’armée de prendre le contrôle de tous les Internet alors que tout un chacun fustige la grande Amérique et où la presse a bien d’autres sujets à défendre (les achats en ligne, la pénurie de moules dans le bassin d’Arcachon, les premiers flocons en Savoie, le traîneau du Père Noel…). Comme un petit apprenti taliban, le citoyen lambda sera donc épié en permanence, sorte de Truman Show grandeur nature qu’un certain George Orwell décrivait en 1948 dans ce que l’on appelait alors un ouvrage de science-fiction : « 1984 ». Il ne faudra plus dire ni Mohamed, ni attentat, ni Afghanistan, ni chatte, ni Dieudonné. Edward Snowden et Julian Assange auront beau s’époumoner, la liberté individuelle n’est pas soluble dans le monde moderne. Ainsi en 2013, l’Afrique, du nord, du milieu, du centre et des côtés aura encore du lutter entre 6 dictatures, 8 coups d’Etat et 10 enlèvements pour se refaire une image de marque, obligeant le touriste du club Med à passer ses vacances en Grèce. Au Sud par contre, après des mois de suspense, Mandela s’en est allé, dernière figure légendaire d’un monde qui n’a plus de héros ailleurs que dans le sport.
En Europe, la vieille France a pu laisser libre cours à son passé intégriste en fustigeant le mariage gay alors que sortaient « La Vie d’Adèle » et « L’Inconnu du Lac », jolis doigts d’honneur dans le rectum des frigides Barjot et Boutin, baudruches obsolètes d’une droite qui se voudrait extrême et ne s’en remettra qu’à l’ineffable Don Quichotte-Sarkozy, attendu en 2017 sur son petit poney pour attaquer les moulins politiques de son cœur. Et pendant que la super cool NKM nous rejoue le fameux « Métro-boulot-clodo » la clope au bec, Hollande bande mou et n’a plus que quelques vannes à sortir pour faire oublier que la courbe de sa popularité est inversement proportionnelle à celle du chômage. Mais tout n’est pas si grave, les magasins de bricolage pouvant rester ouverts le dimanche. En Russie, les attentats ne terniront pas l’image du sympathique Poutine, qui dans un élan de générosité incontrôlé, libère des opposants et des Pussy Riot, aime la presse et les pédés et voudrait inciter les dirigeants mondiaux à venir poser leurs culs mous sur les estrades de Jeux Olympiques d’Hiver clinquants et obscènes, plus chers que ceux de Londres et que la dernière Coupe du Monde réunis !!! Soit 50 milliards qui n’iront pas au peuple (c’est ainsi que fonctionne le communisme depuis Lénine) mais devrait permettre au monde entier de s’esbaudir devant le saut à ski et des parties de curling à suspens. Une pensée cependant pour le sympathique Mikhaïl Kalachnikov, inventeur de ce très beau fusil qui porte son nom, et mort sans avoir touché un rouble grâce à ça (c’est ainsi que fonctionne le communisme depuis Staline). Parti à 94 ans comme Mandela, il semblerait tout de même que l’héritage de l’un soit un peu plus présent, voire utile, dans les révolutions et les guérillas du monde entier que celui de l’autre. Même s’il n’a pas été chanté par Johnny Clegg.
2013 enfin, année de la pouffe. La TNT aura fini de labourer les espaces laissés vacants par TF1 dans les cerveaux des téléspectateurs. De télé crochets insipides en émissions de télé-réalité infâmes, l’intérêt seulement éveillé par l’épaisseur d’un string et la grosseur d’un sein en silicone. La nabillisation des esprits aura donc fait son œuvre auprès d’une jeunesse qui ne voit même plus l’intérêt d’avoir son BEP Coiffure alors que la célébrité leur tend les bras, ou le majeur. Lady Gaga, Miley Cyrus, Britney et autres con-sœurs auront tout fait pour exciter les acheteurs étalant leur vacuité et leur insipidité télévisuelle censées compenser leur manque de talent. Sans résultats. Le consommateur est finalement moins con qu’elles.
La lumière sera venue d’ailleurs, alors que l’on attendait plus rien. Obama serre la pince de Raul Castro, président de Cuba, ce dangereux pays qui fait rien qu’à vouloir envahir les Etats-Unis depuis 50 ans. On se prend alors à rêver du premier Mc Donalds au cœur de La Havane, le cœur léger. Au Vatican, après avoir réhabilité les homos, le Pape François envoie bouler Satan et les histoires pour enfants comme Adam et Eve ! Un peu de sérieux que diable ! En 2014 il serait bon que quelqu’un de sensé dise enfin la vérité à une foule goguenarde qui gobe les blagues du nouveau testament et les hosties comme un jeune les ecstas dans une rave, les dommages sur le cerveau étant à peu près les mêmes. Vas-y François, fais tout péter, tel un John Mc Clane en soutane, il n’y a plus que toi qui puisse ramener tout ce peuple à la raison !
A l’heure où il est de coutume de se cogner des Ferrero rochers, Michael Schumacher est tombé sur un plus dur que les autres. Le skieur moyen prend conscience que la vie est courte et la pétanque moins dangereuse, même si moins branchée dans les rues de Courchevel. Et puis il était si gentil, pourquoi lui ? Au moins pendant ce temps-là on ne parle plus de la Syrie. Les soldes arrivent et l’avenir sera forcément radieux, c’est une amie qui lit dans les boules qui me l’a dit. Il faudra simplement un peu plus de courage, de persuasion et d’innocence pour le croire et prendre enfin son élan. 2014, viens,je n’ai pas peur de toi.