Nos amis les hommes. 26/04/2018

Même si les oiseaux morts n’annoncent plus vraiment l’arrivée des beaux-jours, voici donc l’époque bénie où les tenues légères reviennent en même temps que les gros lourds. Comme à chaque printemps, plus les jupes raccourcissent, plus les langues rallongent. Et pas que. Sauf qu’aujourd’hui, certaines femmes se sentiront moins complexées et certains mecs  un peu plus, afin de ne pas rajouter leur nom à la liste des gros porcs potentiels, qu’une parole maladroite condamnera à errer éternellement dans les affres de la beaufitude. Mais quel esthète n’a jamais regardé avec concupiscence autant qu’admiration cette Maserati passer dans la rue, en sachant pertinemment qu’il n’aura jamais les moyens de se l’offrir, voir même d’y monter dedans, ne serait-ce qu’une seule fois ?

D’aucuns diront que l’homme est ainsi fait, que la femme voit le mâle partout, mais si l’on compile le puceau maladroit qu’un téton tendu tétanise, le relou moyen qui aime à siffler ses proies en baissant ses lunettes de soleil, le frustré de base par des années de discours religieux aussi infondés que dangereux pour le cancer des testicules, le mari privé de chair fraîche depuis la naissance du 3e en 98, le kéké qui pense impressionner ses potes avec son survêt du Réal, sa sacoche en bandoulière en distillant du « Hey mamoizelle » à la première venue et le patron sournois qui laisse traîner sa main  en brandissant sa hiérarchie comme menace, c’est sûr que le parcours féminin dans la société actuelle est toujours semé d’autant d’embûches qu’au Moyen-Age. Mais leur espérance de vie étant plus grande, elles peuvent être harcelées plus longtemps.  A cette liste de blaireaux normaux et banalisés, il faut rajouter aujourd’hui les Incels, une nouvelle catégorie de mal baisés, qui rejettent d’ailleurs cette seule responsabilité sur les femmes, à la fois salopes, sorcières et diablesses et qui font rien qu’à ne pas vouloir coucher avec eux. Alek Minassian, pauvre connard humilié, vient donc d’en faire payer certaines en fonçant dans la foule innocente de Toronto.   Les nouveaux malades mentaux, quand ils ne sont pas dirigés par Allah, les médocs ou l’alcool, prennent des camionnettes pour faire payer leurs névroses aux autres. Alors que sur les quais on va soigner ses frustrations dans des camionnettes, pour même pas 50 euros. Et les dames sont très gentilles. A défaut de parler français.

Et c’est là où d’autres zozos, animés eux aussi par quelques problèmes d’identité, de confiance en eux et l’envie de se reproduire français, ont décidé de prendre sur leur temps de  vacances à Courch’ pour apprendre le planté de bâton sur d’éventuels migrants, à l’esprit plus montagnard que navigateur. Ces fervents catholiques, dans leurs magnifiques doudounes bleues, afin de ne pas être confondus avec des bouquetins par le chasseur taquin, ces gens tellement pieux ont décidé d’aller faire une clôture dans les Alpes, afin d’empêcher manu militari que la France ne soit envahie une nouvelle fois. Comme au bon vieux temps des milices en noir, la police regarde et laisse faire. C’est fascinant. Et moins excitant que d’aller déloger des punks à chiens, des planteurs de rutabagas ou des fumeurs de cannabis étudiants en dégradations gratuites. Sous les pavés, la glande. 50 ans à pleurer mai 68 pour en arriver à des graffitis pleins de fautes et dénués de sens, ne serait-ce qu’utopique. Une culture française de la grève à entretenir religieusement, comme un anglais normal apprend de père en fils à vénérer des princesses et des futurs rois, fussent-ils rouquins. A chacun ses traditions. Perso,  même si des tonnes de choses me font chier, j’ai du mal à écrire sur le trône.

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Nos amis les hommes. 12/01/2017

De son amour pour la mer et les marins, ma mère gardera bizarrement plus d’enthousiasme pour les gonocoques que de passion pour les monocoques, jamais invitée à fendre les flots indomptables une fois le capitaine essoré entre deux manches de la transat Jaques Vabre. « C’est pas l’homme qui prend ma mère…» chantais-je alors en attendant qu’elle finisse, me jurant de ne jamais devenir pêcheur de cabillaud ou navigateur solitaire. Et assis là sur cette bite d’amarrage dont le froid lancinant me perforait le cortex en remontant par le gros colon, je maudissais les mouettes, la marée et l’horizon mazouté en rêvant de soleil et de suppositoire à l’eucalyptus. Ca me rappelait un peu mon grand –père, et la sensation rigolote de son gros doigt poilu lorsqu’il l’introduisait lui-même, ma mère étant aussi démontée que l’océan voisin par grand vent.

Tout ça pour dire que je me contre-branle de la route du Rhum, que j’ai une vision assez particulière de ma mère, que Renaud devrait prendre du sirop pour les bronches, en plus d’un suppositoire et que je ne suis même pas breton. Ca fait combien docteur ?

Attaquer 2017 sur de bonnes bases, c’est important. Il semblerait que 2016 ait laissé des traces. Sur nos murs, dans nos corps ou dans nos slips. Mais les enculés sont encore partout, certains pas encore vraiment élus, d’autres pas complètement éliminés. Un psy et un Vitascorbol ne suffiront sans doute pas à affronter les frimas. Surtout si les flics, juste parce qu’ils sont cons et fachos, s’amusent à piquer les couvertures des migrants. Enlevons leur aussi leur couverture, sociale ou d’anonymat pour les livrer au pilori qu’ils méritent. Humainement, on en est là en 2017. Dans un pays civilisé. Mais, même moins onéreux, il sera plus compliqué de bâtir un mur anti-con qu’un mur anti-mexicain. Ils sont éparpillés, invisibles et bien plus envahissants que les puces de lit dans un hôtel Ibis. Et semblent s’adapter à l’évolution du monde et au réchauffement climatique, en étant persuadés que c’est les autres qui sont cons.

Et puisqu’on en parle, c’est l’époque du mercato où le footballeur moyen, mais millionnaire, décide d’aller jouer en Chine pour mettre sa famille « à l’abri ». C’est beau, c’est courageux. Comme ces milliers de migrants qui aimeraient mettre leur famille à l’abri: des bombes, de la faim, de la misère, des attentats, des dictatures ou des flics et des gros cons pour ceux qui sont déjà arrivés miraculeusement en France. Où l’on condamne un agriculteur niçois à de la prison avec sursis pour leur avoir apporté son aide. Estrosi et Ciotti s’offusquent. On rêve de les voir nager dans la nuit noire au milieu des méduses, des orques d’Aqualand ou attachés nus à la quille d’un monocoque.

Pendant ce temps, alors que Jul est nommé aux Victoires de la Musique tranquillement, la France pleure Catherine Laborde, Dalida et Grégory Lemarchal, dans une émission hommage digne de Jacques Brel ou David Bowie. Un pays qui vénère un mec de télé-réalité, célèbre juste pour sa mort, et une présentatrice météo à la retraite est un pays qui prend l’eau de toutes parts. Il ne faudra pas venir pleurer, à nouveau, en mai 2017 lorsque la sanction, attendue, tombera sur votre faiblesse et votre nullité culturelle. On a les leaders que l’on mérite.

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Nos amis les hommes. 15/09/2015.

Pendant que la Californie brûlait gentiment sans qu’aucun super héros local ne vienne uriner sur les braises taquines, un autre drame se jouait en direct sur les télévisions françaises alors même que des milliers de spectateurs se voyaient privés d’électricité, des crues intempestives ruinant ce moment spécial, l’un des plus émouvants depuis la disparition de Léon Zitrone. Claire Chazal quittait le JT de TF1. Fichtre. Une telle déflagration alors que le peuple a besoin de repères, au moment où Bolloré vire PPD pour protéger d’autres guignols, ceux de la droite sarkozyste, qui est plus mieux républicaine que les autres. Tout est chamboulé. Mais à l’heure où la télévision, ce meuble lumineux, ne sert qu’à regarder des dvd, des séries piratées ou à jouer à FIFA 16, je dois bien avouer que TF1 a disparu depuis longtemps de mes chaînes favorites, préservant par ailleurs la santé mentale et intellectuelle de mes enfants, qui ont déjà de quoi se lobotomiser 20 fois par jour avec Nrj12 et D8. Je crois bien que je n’avais plus de nouvelles de l’ex de PPDA depuis l’histoire du petit seau d’excréments qu’elle se prit sur le coin de la permanente, lancé par un courageux débile pour venger des années de torrents de merde déversés par sa brillante entreprise. De plus je n’avais pas vu la maman du petit François depuis 2006 et ses dernières photos topless dans le formidable journal d’investigation Voici, qui me sert d’habitude à essuyer mes propres déjections ! Et je dois avouer que c’est autre chose à regarder que Jean-Pierre Pernaut ou Gilles Bouleau. Maintenant que tu as perdu le tien, de boulot, tu pourras écrire des livres de recettes, ou des romans érotiques, il y aura toujours une émission prête à t’accueillir sur la TNT, sois sans crainte. Et le monde continuera de tourner sans toi, l’information étant bien gardée entre les mains de Madame Ardisson, Marie Drucker et les autres jeunes loups arrivistes des chaînes en boucle où l’on se plait à parler dans le vide en attendant les crashes aériens et les enfants échoués.

A ce sujet, pour rassurer Arno Klarsfeld, je tenais à lui dire qu’ayant une trouille bleue du moindre pédalo sur un lac savoyard, je mets un point d’honneur à traverser la Méditerranée en avion lorsque je me rends en Afrique dans les pays qui ont encore assez d’eau pour arroser leurs greens ou assez d’animaux à chasser pour agrémenter mon profil Facebook. Dire que dans tous les autres c’est un peu la jungle relèverait de la boutade dominicale dans un pique-nique frontiste et je ne m‘y risquerait guère dans ces temps incertains où l’on ne peut même plus traiter Nadine Morano de connasse sans finir au tribunal. Peut-on essayer avec Rachida Dati pour voir ? La dignité humaine a encore fait un grand pas suite à ces évènements, certains montrant leur vrai visage de politicien blafard. Les extrémistes n’en ont pas fait tout un plat quand l’Allemagne accueillait dans des centres de vacances mal chauffés des « réfugiés » par millions dans les années 40 ! Certains se croient désormais dans The Walking Dead, l’invasion est à leur porte et Robert Ménard est encore en fonction.

Quelle chance tout de même de vivre dans un pays où chacun a le droit de s’exprimer librement, d’acheter les albums de Maître Gims ou d’organiser des salons sur la femme musulmane, pour montrer au mécréant ébahi qu’elles ont autant leur place ici que les vaches du Salon de l’Agriculture, même si elles se laissent traire moins facilement. Qu’importe, les anges les maudiront toute la nuit ! Comme cette petite trainée de Séléna Gomez, autre rejeton de l’écurie Disney, éleveur de championnes et anti-chambre de Playboy Magazine. Encore une qui pose à poil pour vendre sa nouvelle soupe musicale, mais reste bien timide pour exciter le chaland. Pour concurrencer Miley ou Britney, à moins de s’enfoncer un ballon de football américain dans les miches ou forniquer avec un raton laveur, je ne vois plus trop quelles stratégies marketing pourraient encore aider à faire vendre des disques. Même le dernier duo de Mylène Farmer avec Sting m’a déçu. Décidemment, tout s’écroule. Le moment idéal pour se remettre à lire ?

Sentiment vague…

Dans sa quête du graal de la jeunesse éternelle, une poignée de chercheurs travaillerait d’arrache-pied pour que l’humanité puisse à court terme espérer vivre jusqu’à 200 ans. Mais pour exciter une poignée de nantis botoxés avant qu’ils ne crament sous les lampes à U.V de leur soleil artificiel, ces gens-là nous ont-ils demandé notre avis, à nous qui recherchons plutôt une réponse rapide sur l’euthanasie vite fait bien fait, afin de nous épargner pour les décennies à venir le spectacle désolant qui s’offre à nous à chaque ouverture de journal télévisé ? L’ère de la Crétinerie généralisée sera donc la dernière grande étape humaine après l’âge du feu, celui du fer et celui de Microsoft. Après, extinction des feux, pour le plus grand bonheur des thons et des amibes survivants.

Parce que si l’ont veut vivre centenaire dans nos contrées occidentales pour profiter de chaque instant de notre crédit bancaire ou des nouvelles aventures musicales de Maître Gims, cette torture que l’on n’ose même pas jouer à Guantanamo, d’autres voudraient simplement atteindre l’âge adulte dans des pays où les religions, les dictatures, les guerres, les mafias et le manque de pétrole restent moins important aux yeux des observateurs du nord que le montant du transfert du jeune Martial à Manchester United. Avec lequel on pourrait payer un yacht décent pour faire la traversée Syrie-Turquie tous les jours sans risquer l’explosion du canot pneumatique. En attendant de couper les couilles des passeurs illégaux pour nourrir les requins alentour, la mer recrache des corps sans vie tous les jours sur des plages pourtant immaculées où le touriste berrichon n’a pas le courage de poser sa glacière. Des milliers de corps depuis des années et tout ça reste pourtant moins émouvant pour le grand public que la fin de Titanic. Dans lequel il y avait, c’est vrai, moins de noirs et d’arabes. Et là, cet enfant de 3 ans s’échoue en mondovision à l’heure de l’apéro. C’est vrai que c’est chou un enfant de 3 ans. Et que pour aucune raison sensée, sous aucun prétexte qui tienne, même pas géopolitique, un enfant de 3 ans ne doit mourir de la sorte, même s’il ne sait pas nager.

Moi si j’avais 3 ans aujourd’hui, je remercierais le Bon Dieu et mes parents de m’avoir conçu en France, ce pays de cocagne où il fait bon grandir sous Giscard. Si j’avais 6 ans, je ferais en sorte que chaque seconde de mon insouciance ludique dure une éternité, et que jamais je ne salisse mon âme au contact des adultes. Si j’avais dix ans, je dirais lors de ma première communion aux curés et à leurs églises que rien d’eux, ni leur Bon Dieu ni autre chose ne rentrera jamais dans mon cerveau ni dans aucune autre partie de mon corps. Si j’avais 14 ans, j’éteindrais la télé à jamais et plongerais sans retenue dans le sport, la littérature américaine et les poètes romantiques entre deux branlettes libératrices. Si j’avais 16 ans je dirais à cette fille trop belle pour moi qu’il vaut mieux « ne pas s’aimer que de ne plus s‘aimer » et d’autres trucs de Dominique A et des poètes romantiques. Si j’avais 18 ans, j’aurai le palmarès de Rocco Siffredi et un avenir sans doute plus serein avec les filles. Si j’avais 20 ans, j’irai en tôle plutôt qu’à l’armée, ne jamais porter un uniforme et une arme pour ne pas leur donner raison d’envahir des pays où ils n’ont rien à faire. Si j’avais 22 ans je m’assurerais de ne plus travailler pour aucune multinationale au monde, mais creuserais mon art pour ne jamais rien regretter et vibrer, encore, toujours…Si j’avais 26 ans j’embrasserais mon père une dernière fois. Si j’avais 30 ans je demanderais à ma fille de m’excuser pour toutes mes absences à venir. Si j’avais 40 ans, j’enverrais tout péter pour repartir sur de nouvelles bases, libéré, enfin. Mais j’ai 44 ans, je suis français par hasard, je suis blanc par chance, j’ai un toit, des amis, suffisamment d’argent pour payer des impôts, de l’amour et une putain de collection de vinyles ! Pourquoi diantre ai-je l’impression d’avoir raté quelque chose, d’avoir un vide au creux du bide qui ne se comblera jamais ? Pourquoi plus je vieillis moins je me sens en phase avec ces gens qui sont à mille lieux de l’idée que j’avais de l’être humain ? Je ne me révolte juste pas à cause de cette image insoutenable, je me rappelle simplement que je conchie vos politiques, que j’exècre vos religions et vos sectes, que j’encule vos dieux et vos icônes, que je défèque sur vos bourses et dans vos coffre-fort et surtout, que je plains vos enfants. Qui n’ont rien demandé. J’espère que la colère les gardera en vie. Ici ou ailleurs.